Les lignes des montagnes
Dans le poème de Ryôkan, "Je suis un moine indien...", je séchais hier sur la traduction de l'expression 嶙峋. Je l'ai traduite provisoirement par "les lignes des montagnes" :
"Je m’assois et contemple les nuages blancs qui affleurent aux lignes des montagnes."
Le Dictionnaire classique de la langue chinoise de Couvreur donne "montagnes en gradin", mais ce n'est pas immédiatement compréhensible, 嶙峋 désigne ce paysage caractéristique de l'Orient, des vagues de montagnes qui s'étendent au loin, comme sur cette belle photographie. Comment diriez-vous ?
Photographie : Alain M. (DR). Cliquez sur la vignette pour contempler le genre de paysage qu'admirait Ryôkan.
"Je m’assois et contemple les nuages blancs qui affleurent aux lignes des montagnes."
Le Dictionnaire classique de la langue chinoise de Couvreur donne "montagnes en gradin", mais ce n'est pas immédiatement compréhensible, 嶙峋 désigne ce paysage caractéristique de l'Orient, des vagues de montagnes qui s'étendent au loin, comme sur cette belle photographie. Comment diriez-vous ?
Photographie : Alain M. (DR). Cliquez sur la vignette pour contempler le genre de paysage qu'admirait Ryôkan.
Mots-clés : traductions
Imprimer | Articlé publié par Eric le 03 Mai 07 |
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le 03/05/2007
La réponse n'est-elle pas dans la question ? "Les vagues de montagne" pourraient faire l'affaire, mais l'insertion dans la phrase n'est peut-être pas esthétique. On pourrait parler d'océan de montagnes, et traduire :
"Je m'assois et contemple les nuages blancs flottant sur l'océan de montagnes."
le 04/05/2007
dans des poèmes de Xie Lingyun ils parlent aussi de lignes de montagnes :
http://www.editionscompact.com/medias/revues/polygraphe/poeme_du_mois.html
chaleureusement
le 04/05/2007
Merci pour la référence du poème de Xie Lingyun.
Une rapide recherche sur Internet (c'est fou comme les Japonais aiment la poésie chinoise...) montre que la traduction française "Des rochers abrupts, des lignes de montagnes successives" traduit le vers original :
巖峭嶺稠疊 (巖は峭くして嶺は稠疊たり)
Que je traduirais à mon tour par "des falaises escarpées, des lignes de montagnes à l'infini."
嶺 = chaîne de montagnes.
稠 = serré, dense, nombreux.
疊 = répéter, superposer.
Ces poèmes sont intraduisibles! Il ne s'agit donc pas ici des mêmes idéogrammes, mais c'est la même idée que dans Ryôkan.
le 05/05/2007
Rangées de crêtes (ou sommets) ?
Pas très poétique.
On peut alors "pêcher" dans le registre religieux : "chapelets de crêtes", "procession de crêtes"...
Mais il est vrai qu'il est difficile d'échapper à la force de suggestion de l'analogie montagne/nuage // vague/écume...
le 06/05/2007
Pui Yee me dit que les deux mots évoquent les montagnes, le premier en précise l'organisation "en écailles de poisson", c'est à dire les unes derrières les autres, le second souligne plutôt le découpage des montagnes entre elles en évoquant l'espace qui les sépare.
Pas de plein sans vide... bon voyage en pays poétique.
Serge
le 10/05/2007
J'aurais bien aimé "la houle des cîmes" qui suggère un mouvement majestueux, puissant et fascinant(perceptible sur la photo d'illustration, très semblable à certains clichés pris en pleine mer...).
Jean-Louis
le 11/05/2007
J'aimerai saluer tout d'abord tous les membres de l'association car ceci est ma première participation au blog depuis ma récente inscription. Je vous remercie de m'accueillir.
Pour ce qui est de la traduction du vers de Ryokan, voulant exprimer l'image des vagues, la finesse de l'écaille, et le tranchant de la découpe des crêtes qui, sur la photo, m'ont évoqué des pierres taillées, j'ai pensé au mot "lame". Exprimant l'idée de gradin, on peut préciser l'image grâce au mot "étagé". Ce qui donnerait:
"Je m’assois et contemple les nuages blancs qui affleurent aux lames étagées des montagnes."
Cordialement.
Marc Casanova
le 11/05/2007
Je suis peut être très naive mais ce vers n'est-il pas une métaphore pour la méditation ou le réel (le paysage) se confond exactement avec l'état intérieur (où les nuages sont maintenus à horizon) et vice versa ? Un vers où nirvana et samsara se rejoignent et se confondent ?
Eric, merci pour ces poèmes et pour ces précisions qui régalent nos coeurs...
Marie-Pierre