Bruxelles 13 / 14 octobre 2018 Version imprimable

Cher.e.s ami.e.s,

Je serai à Bruxelles les 13 et 14 octobre 2018 pour animer deux journées, l"une de pratique zen, l'autre sur le bouddhisme engagé et le programme BASE (Bouddhisme Action Sociale et Engagement). Nous serons accueillis par l'Institut Nalanda, près du parc du Cinquantenaire.

Le samedi 13 octobre 2018, journée de méditation zen, de 9 h à 17 h 30 (arrivée à partir de 8 h 30). Participation financière en conscience. Il sera possible de prendre refuge à cette occasion. Institut Nalanda, rue de l'Orme 48, 1030 Bruxelles. Renseignements complémentaires : uzo.luxembourg [arobase] gmail.com

Télécharger le bulletin d'inscription de la journée de pratique zen avec tous les renseignements utiles.

Le dimanche 14 octobre 2018, une journée de pratique, Le bouddhisme engagé, une voie de changement, de 9 h 30 à 16 h 45 (arrivée à partir de 9 h). Participation financière en conscience. Institut Nalanda, rue de l'Orme 48, 1030 Bruxelles. Renseignements complémentaires : uzo.luxembourg [arobase] gmail.com

Télécharger le bulletin d'inscription de la journée avec tous les renseignements utiles.


Je suis heureux de vous voir ou de vous revoir à Bruxelles! Jiun

Cuisiner, manger, s'éveiller Version imprimable

Rohatsu - 8 décembre Version imprimable

Le 8 décembre est la date la plus importante de la tradition zen : Le Bouddha s’est en effet éveillé au petit matin d’un 8 décembre (ou plus exactement le 8 du 12e mois selon l'ancien calendrier chinois) après sept jours de méditation ininterrompue. C’est la rohatsu sesshin, littéralement «la retraite du 8 décembre». Cette retraite a comme particularité de se dérouler dans le silence complet et de rien rajouter à la méditation qui est pratiquée tout au long du jour et parfois de la nuit. Il n’y a donc ni enseignement, ni rituel, ni bâton. On sonne une première fois la méditation au début de la retraite et on resonne la fin de la méditation sept jours après. On considère en effet qu’il n’y a qu’une seule méditation qui dure sept jours et sept nuits.

La troisième rohatsu sesshin de notre communauté aura lieu à la Maison du dharma au Mans. Elle débutera le dimanche soir 30 novembre par une première méditation à 20 h et se terminera le lundi 8 décembre par une dernière méditation à 8 h du matin suivie d’une célébration.

Vous pouvez regarder un documentaire diffusé à la fin des soixante-dix qui m'avait à l'époque bien impressionné. Un cinéaste avait pu filmer une
rohatsu sesshin dans un monastère de l'école Rinzai. Pour ceux qui s'inquièteraient, notre pratique sera plus douce pendant ces huit jours.


Gudô rôjin Version imprimable

Chers amis,

J'ai la tristesse de vous annoncer que Nishijima Gudô rôshi est décédé ce mardi 28 janvier 2014 à Tôkyô à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans.

L'un de ses disciples japonais m'écrit :

Yesterday I talked with master Nishijima's daughter. She said that she had heard the last word of Sensei from his nurse. When she tried to attach oxygen mask on Sensei, he rejected it and said, 'I decide my death time by myself'. We will attend the funeral ceremony on February 4th and 5th.

Un moment de recueillement sera proposé le 4 février à 18 h au Yoyohata saijô, 2-42-1, Nishihara, Shibuya-ku (Tôkyô). Une cérémonie aura lieu le lendemain à 11 h au même endroit.


Je ferai une cérémonie commémorative le samedi 15 février à 11 h à la Maison du dharma, le jour de l'entrée dans le parinirvâna du Bouddha Shâkyamuni.






le kesa, corps et esprit du Bouddha Version imprimable

Du lundi 31 mars au vendredi 4 avril 2014, j'animerai avec Françoise Laurent une retraite d'enseignements et de pratique consacrée au kesa, la robe du Bouddha. Nous serons accueillis par le Centre zen de Lanau, en Auvergne, près de Saint-Flour. Il s'agira d'un moment exceptionnel puisque, à ma connaissance, une telle retraite n'a jamais été proposée jusqu'à présent en France. Nous reprendrons la forme des fukudenkai, les retraites d'étude et de couture développées par le maître zen Kōdō Sawaki et ses disciples.

Télécharger le dépliant avec tous les renseignements pratiques ainsi que la fiche d'inscription à renvoyer par courrier au Centre zen de Lanau. Renseignements : secretariat@tenborin.org. Vous pouvez aussi m'écrire eric@zen-occidental.net

L'arrivée a lieu le dimanche 30 mars dans l'après-midi, la retraite se termine le 4 avril à midi. La participation est de 195 euros pour les cinq jours. Tout le monde est le bienvenu.

Mots-clés : ,

Niwa Bukkan Version imprimable

Pour Anshu, et pour toutes les "mains", une brève relation de la vie de Niwa Bukkan Myôkoku (1862-1904), l'un des maîtres de notre lignée d'après Le maître Niwa Bukkan de Ōuchi Seiran (1845-1918). La photographie est extraite de cet ouvrage.



Niwa Bukkan naquit le 19 du 9e mois de la 2e année de l’ère Bunkyû (1862). Il était le fils aîné de Terada Den’emon qui habitait Magarikane à Toyoda (anciennement le village de Magarikane, aujourd’hui dans la ville de Shizuoka). Son père qui souhaitait un garçon lui donna le nom de Saikichi. D’une intelligence précoce, l'enfant fut envoyé à l'âge de six ans, à l’école du temple (terakoya) voisin d’Hôzôji. L’école était surpeuplée avec plus de soixante-dix enfants, les bouleversements sociaux d’alors avaient conduit nombre de vassaux des Tokugawa à s’établir dans la région de Shizuoka et leurs enfants avaient grossi les rangs de l’école.

Saikichi perdit sa mère à l’âge de sept ans. Les mois passèrent. Un jour, l’enfant au tempérament secret s’adressa directement au maître Masuda Zuimyô, l’abbé du temple de Hôzôji. Les mains jointes, il lui demanda de devenir moine car il voulait prier pour le repos de sa mère. Venant de Saikichi, l’un des plus brillants élèves, la demande interpella le maître. Ému par sa sincérité enfantine, Zuimyô s’en ouvrit peu après au père. Ce dernier n’était pas au courant des intentions de son jeune fils et il ressentit plutôt de l’accablement, sa femme était décédée et il ne voyait pas son premier fils le quitter. Mais devant l’insistance de Saikichi, Den’emon finit par accepter. À mesure que la date retenue pour l’ordination approchait, Totsuka Chûjiemon, un riche fermier du village voisin d’Arido sollicitait régulièrement Den’emon. Avant l’ordination, il voulait faire de Saikichi son fils adoptif. Celui-ci avait perdu ses quatre filles et il n’avait qu’un seul garçon. Le père de Saikichi accepta la demande et l’enfant fut officiellement adopté par la famille Totsuka. L’ordination eut lieu le 15 février de Meiji 6 (1873), le jour où l’on commémore le parinirvâna, autrement dit la mort du Bouddha. Il avait dix ans. Le jeune Totsuka, né Terada, prit alors le nom de famille de son maître d’ordination, Masuda. Les changements de nom ne sont pas inhabituels au Japon... Par la suite, il prit le nom de Niwa sous lequel il est connu.

La nouvelle loi sur la scolarité de Meiji 5 (1872) créait l’école obligatoire pour tous. L’école du temple fut fermée et l’école élémentaire de Nishitoyoda s’ouvrit à proximité du temple. La maturité du jeune Bukkan était connue de tous et le directeur de l’école proposa qu’il devienne instituteur-assistant. À douze ans, il enseignait aux jeunes enfants. Après la répression anti-bouddhiques des années 1868-1872, le gouvernement enrôla les bonzes dans sa promotion du patriotisme national. Il fit alors nommé instructeur religieux (kyôdôshoku) de 14e catégorie. Malgré son jeune âge, il donnait des sermons au sanctuaire shintô de Sengen jinja.

En mai de Meiji 9 (1876), Bukkan, encore adolescent, entra au temple de Tôkei’in, dans le district d’Abe, qui était alors dirigé alors par le maître Kôchi Chijô, pour y poursuivre son apprentissage du zen. Il allait y rester sept ans. En Meiji 12 (1879), il tint la fonction de  premier moine (shusô) pendant la retraite des moines au temple de Zuikôji (aujourd’hui à Shizuoka-shi Anzai) sous la direction du maître Shibata Fumon. Après avoir terminé ses études au collège, il reçut la transmission (shihô) de son maître Masuda Zuimyô. Immédiatement après, il entrait à l’université qu’il quitta en Meiji 18 (1885). La même année, il accomplit la cérémonie du changement de vêtement (ten’e) au temple d’Eiheiji qui lui donnait le rang de grand maître (daioshô) au sein de l’école sôtô. Au printemps de Meiji 19 (1886), il revint au temple de Hôzôji.

En mai de Meiji 20 (1887), Tanaka Reizui, l’abbé du temple du Ryûun’in, au village de Sodeshi, district d’Ihara (aujourd’hui Shizuoka-shi Ihara sur la baie de Suruga), disparaissait. Par testament, Reizui laissait la direction du temple à Bukkan. Il y demeura près de dix ans. Au printemps de Meiji 29 (1896), il devint le nouvel abbé de Tôkei’in, le maître Kôchi Chijô ayant été appelé pour prendre la direction du temple de Shuzenji à Izu. Malgré une santé délicate, Bukkan fut particulièrement actif pendant toutes ses années, courant d’une conférence à une autre. Avec l’aide d’une vingtaine de temples de la région de Shizuoka, il organisa un réseau d’études pour approfondir les connaissances bouddhiques. En été, il était régulièrement invité au temple de Rinsô’in, et l’hiver à Tôkei’in. En Meiji 21 (1888), il occupa la fonction de professeur (kyôshi) au Zôshun’in ; pour la retraite d’été, il était au temple de Sôjôji, et pour la retraite d’hiver au temple de Shôtokuji. En Meiji 22 (1880), il était l’assistant de Kôchi Chijô à Tôkei’in. Une fois devenu abbé de Tôkei’in, il se soucia du développement du temple qui, malgré son passé prestigieux, n’avait guère d’argent. Grâce à la famille Ishigami et aux fidèles du temple, les cuisines furent reconstruites et le toit du pavillon principal refait. Bukkan fit également planter plus de six cents pruniers dans les champs aux alentours.

En janvier de Meiji 25 (1892), le maître Morita Goyû (1834-1915) prit la charge de 64e abbé d’Eiheiji et Bukkan devint son assistant personnel (jisha). Il l’assista douze ans durant à Eiheiji. L’hiver de Meiji 36 (1903), il se plaignit de violents maux d’estomac et fut brièvement hospitalisé. La douleur d’estomac disparut mais d’intolérables douleurs le prirent aux reins. Il continua cependant d’assister le maître Morita pendant tout le mois de décembre, participant à la retraite du 1er au 8 décembre (rôhatsu sesshin). Le 29, il se rendit à Tôkei’in pour le nouvel an. Après une brève rémission, son état empira et il mourut le 27 février de Meiji 37 (1904). Il n’avait pas 42 ans. Beaucoup voyaient déjà en lui l’un des futurs directeurs de l’école sôtô. Les funérailles eurent lieu à Tôkei’in et furent dirigées par Masuda Zuimyô. Malgré la distance, le maître Morita assista en personne à la cérémonie.

Bukkan eut trois successeurs : Niwa Butsuan, abbé de Tôkei’in, Tanaka Taimyô, abbé de Ryûun’in (préfecture de Shizuoka) et Asahina Butsusen, abbé de Sôshinji (préfecture  de Saitama).


Mots-clés : , , ,

Penser l'impensable Version imprimable

Thomas, hier, s’étonne que je ne cite guère Taisen Deshimaru. Tout simplement parce que ma lignée d’enseignement est différente et que je ne poursuis pas ses enseignements. À trop en parler, cela ne pourrait que créer de la confusion, même si je le respecte comme mon premier maître. Il vaut toujours mieux témoigner de ce que l’on transmet plutôt de ce que l’on ne transmet pas. Les méthodes, les instructions varient parfois d’une façon importante, même au sein d’une tradition comme le zen. Je crois nécessaire que chaque étudiant sonde ce qui unit mais aussi ce qui différencie chaque lignée. Et lorsqu’on suit soi-même des enseignements de ne pas les mélanger avec d’autres, au risque de dénaturer et les uns et les autres.

Après la mort de Taisen Deshimaru en 1982, j’ai longuement suivi un maître de vie dont j’espère poursuivre la voie. Il résumait ainsi sa pratique : «Oublier le corps, oublier la respiration, oublier le mental et entrer dans le samâdhi.» Deshimaru avait, lui, d’autres instructions. Il considérait la méditation comme un lieu d’émergence de l’inconscient. Il utilisait souvent l’expression «penser du tréfonds de la non-pensée» qu’il avait créé d’après un célèbre dialogue commenté par Dôgen :

Une fois que le maître Yaoshan Weiyan était assis, un moine lui demanda : «À quoi pensez-vous ainsi immobile ?» Le maître répondit : «Je pense l’impensé». «Comment pense-ton l'impensé ?» le maître répondit : «Ce n'est pas penser.» (*)

L’impensé (fushiryôtei) équivaut à son synonyme l’impensable (fukashiryô). Penser l’impensable est quelque chose qui ne se peut. L’ultime est donc l’abandon de la pensée.

Dans Zen et Cerveau, un échange de lettres avec le professeur Paul Chauchard, publié en 1976, Taisen Deshimaru traduisait justement : «Penser à ne pas penser. Comme pense-t-on à ne pas penser ? Non-pensée!» (p. 41).

Comme beaucoup de Japonais du siècle passé, Taisen Deshimaru avait intégré nombre de concepts de la psychologie occidentale. Je ne sais quand il forge cette formule «penser du tréfonds de la non-pensée». Ordinairement, il disait d'ailleurs plutôt «Thinking from non-thinking».

Mais remplacer «penser à» par «penser de» modifie radicalement la perspective et propose indirectement une méthode de méditation : laisser émerger l'inconscient sous forme de pensées, d'images ou de sensations qu'on laisse se produire puis disparaître. Et c’est ainsi que Taisen Deshimaru vivait et enseignait la méditation, comme une forme de pensée sans penseur.

L’enseignement que je poursuis est différent : Il s’agit de demeurer dans la nudité de l'esprit sans ajout ni modification. Le miroir est vide.

(*) Carl Bielefeldt traduit pour le Soto Zen Text Project : Once, when the Great Master Hongdao of Yueshan was sitting [in meditation], a monk asked him, «What are you thinking of, [sitting there] so fixedly?» The master answered, «I'm thinking of not thinking.» The monk asked, «How do you think of not thinking?» The Master answered, "Nonthinking." (Voir ici ses explications détaillées).

Mots-clés : , , ,

Comment méditer ? Version imprimable




Mots-clés : ,

Secrets des teintures Version imprimable



En 1931, le maître zen Kôdô Sawaki (photographie ci-dessus) donne une série d'enseignements sur le kesa conforme au dharma (nyohô) où il utilise plusieurs textes de la tradition du maître Jiun Sonja. Ces textes qui étaient à l’état de manuscrits furent collationnés avec d’autres et publiés en 1934 par le temple de Hokkeji, un temple de l’école Sôtô de la ville d’Ôsaka. Je les traduits en ce moment.

Le plus court des textes utilisés par Sawaki est une note de Kaishin Kuredo (1839-1920), successeur de Jiun sonja et abbé du temple de Kôkiji. Celui-ci donne les procédés secrets (kuden) pour teindre le kesa dans les trois couleurs traditionnelles : la couleur mokuran, une couleur blond foncé, le noir cassé et le vert. Son titre est Instruction secrètes sur les façons de teindre les trois couleurs nyohô.

Les substances tinctoriales citées sont courantes au Japon : la décoction de momokawa faite à partir d’écorces de yamamomo (myrica rubra), l’umejiru, une décoction d’écorces et de racines de beniume (prunus mume, l’abricotier du Japon), le kariyasu (miscanthus tinctorus) une plante tinctoriale qui donne une couleur jaune et l'eau de sulfate de fer. Les procédés font usage d’alun et de chaux.


三如法色染樣口傳
葛城山高貴寺伎人戒心和尚

木欄染
一、桃皮の煎汁にて下染。但し明盤なし。
一、次に梅汁凡そ一舛に、石灰五勺ばかり入れ、能くまぜて、又石灰をいさらし(すますこと)上は汁を以てもみ込んで染める。
但し梅汁は、香を取る爲にして、且つ又色をも出すなれ共、二度位染めて止む。
一、次に桃皮凡そ一舛に明盤を煎茶茶碗に凡そ一杯程を入て能くかきまぜ、いさらし、上は汁にて染める事凡そ五度より十二三度もすれば濃くなる。
又口傳
一、梅汁に石灰を用ひざる時は、赤み少なけれ共、之れを以て良色と云う。梅汁に染て後に、石灰を水に溶かし、上澄を以て手早く染めざれば、雲形を生ず。
壞色染
一、桃皮下染。無明盤一度。次に梅汁に石灰を加へ、五六度。次にろふは水を以て、黒味を出す。極極手早く染むべし。然らざれば、大に雲形を生ず。
口傳
ろふはを茶碗にて浸し置き、溶解し、上は水を凡そ五六舛の水の中に入れ、能くかきまわして、手早く染めよ。
青色染
水色下染。次に「かりやす」にて染める。但し明盤を加ふ。上澄を以て染る。

Ma traduction suit.


Ci-dessous des kesa de Jiun sonja de la couleur mokuran (cliquez sur l'image).


Mots-clés : , , , ,

La signification du kesa (suite) Version imprimable

Petite explication complémentaire :

Dans la tradition initiée par le moine Jiun sonja et reprise par le maître zen Kôdô Sawaki, les pièces du kesa sont disposées asymétriquement. Les pièces sont «allongées d’un demi surplis», une règle donnée dans le code disciplinaire (vinaya) des Mûlasarvastivâdin, une ancienne école indienne.

Si A désigne la petite pièce intérieure
Si B et C désignent les grandes pièces intérieures
Si D désigne la largeur du surplis
Si E désigne la largeur du cadre
Si F désigne la hauteur du kesa

A = (F - 2 x D - 2 x E) / 5 + 1/2 x D (on ajoute la longueur d’un demi surplis).



Je traduis faute de mieux le terme 葉 par surplis. Il s’agit des pièces superposées qui figurent les chemins étroits de circulation dans les rizières. On pourrait garder le terme original («feuillées») mais cela sonne bizarrement. Si vous avez des idées...



Mots-clés : , , , ,

La signification du kesa Version imprimable

Si vous pratiquez dans la tradition du zen Sôtô, je vous recommande fortement la lecture de la thèse de doctorat de Diane Riggs soutenue il y a peu : «The Cultural and Religious Significance of Japanese Buddhist Vestments». Cette thèse est consacrée au renouvellement de la tradition du kesa au Japon, particulièrement dans l’école Sôtô au début du XXe siècle avec les recherches des moines Kôdô Sawaki et Ekô Hashimoto.

L’intégralité de la thèse est téléchargeable au format pdf sur le site de
Proquest, un service (payant) de mise en ligne des thèses américaines.

Diane Riggs pratique dans la mouvance du Zen Center of San Francisco depuis plusieurs dizaines d’années où elle a été initiée à la couture du kesa par Jôshin Sakai, une disciple directe de Sawaki. Elle a poursuivi ses études sur le kesa au Japon et a publié quelques articles remarqués. Elle a achevé l’année dernière un doctorat, fruit de plusieurs années de travail.

Riggs s’étend largement sur le conflit qui opposa à la fin du XIXe siècle,
Eiheiji et Sôjiji, les deux principaux monastères de l’école Sôtô, sur la forme du kesa et notamment sur l’usage du rakusu, le petit kesa à cinq bandes que les pratiquants du zen portent aujourd’hui autour du cou (photographie ci-dessous). Le monastère d’Eiheiji suivait la règle de porter un kesa à cinq bandes qui couvre tout le corps et refusait l’usage du rakusu en s’en référant à Dôgen («Ceux qui rapetissent le kesa ont l’esprit rapetissé» écrivait Dôgen dans le chapitre «La transmission de la robe» de son Shôbôgenzô). En 1886, un compromis fut signé entre les deux monastères et l’on rendit obligatoire pour tous le port du rakusu avec anneau. Car la question de l’usage de l’anneau était aussi au cœur du conflit.



Sawaki et Hashimoto se singularisent au début du XXe siècle car ils proposent leurs propres modèles fort différents de ceux édictés par le compromis de 1886. Ils reprennent les travaux de quelques uns de leurs prédécesseurs, comme
Jiun sonja (1718-1804), un moine de l’école Shingon ritsu qui fonda un mouvement non-sectaire, La discipline du vrai dharma (shôbôritsu).

La thèse est dense même si plusieurs points auraient pu être développés. Riggs n’évoque pas notamment les différences des patrons utilisés dans les lignées de Sawaki et d’Hashimoto. Elle rapporte qu’il n’y a «que de légères différences dans les styles» (p. 259). Si effectivement, les différences peuvent paraître infimes pour des néophytes, au sein même de ces lignées, ces différences sont considérées comme essentielles, avec force disputes. La différence principale réside dans le placement des pièces de tissu : asymétriquement chez Sawaki, symétriquement chez Hashimoto.

Méthode Sawaki :



Méthode Hashimoto :



Sawaki reprit une instruction secrète (口伝 kuden) transmis dans les lignées de Jiun sonja dite 半葉増し han’yô mashi, “l’allongement d’un demi surplis”, qui consiste à rallonger les petites pièces de la moitié de la longueur des surplis intérieurs. Hashimoto ne reprit pas cette méthode. Dans les lignées de Sawaki, cette instruction fait l’objet de longues discussions mais toujours sous une forme orale car on respecte qu’il s’agisse d’un instruction secrète. On ne trouvera donc jamais d’explications détaillées dans les livres publiés au Japon où l’on se contente simplement d'indiquer que l’on allonge les pièces d’un demi surplis.


Mots-clés : , , , , , , ,

La triple dépréciation Version imprimable

Ma langue fourcha hier, dans la nouvelle vidéo consacrée au kesa de la tradition nyohô. Il fallait comprendre les trois dépréciations du tissu et non celles du kesa.

La pratique de la simplicité et de la frugalité est figurée dans la règle dite de la triple dépréciation (jap. sansenbô). Pour confectionner un kesa, on rassemble des pièces de tissu que l’on coupe, que l’on teint et  que l’on rassemble. Ces opérations successives sont nommées la dépréciation du ciseau (jap. tôsen), la dépréciation de la robe (jap. esen) et la dépréciation de la couleur (jap. shikisen).
-    La dépréciation du ciseau signifie que l’on coupe un tissu en petites pièces qui seront ensuite recousues. Par la découpe, la valeur du tissu se trouve immédiatement dépréciée.
-    La dépréciation de la robe signifie que l’on pique le tissu encore et encore pour coudre les pièces.
-    La dépréciation de la couleur signifie qu’on n’utilise aucune des cinq couleurs primaires (le rouge, le jaune, le bleu, le blanc et le noir), mais une couleur mélangée et sombre.
 
Sur les couleurs, Jiun sonja donne trois couleurs possibles, dans les noirs, dans les bleus et la couleur magnolier. Les noirs signifient une couleur dans les gris foncés, les bleus, une couleur dans les bleus ou les verts foncés (les chinois ne distinguent pas nommément le bleu du vert). La couleur magnolier (jap. mokuran) est une couleur proche de l’ocre. La teinture provenait originellement de l’écorce de magnolier. Kôdô Sawaki et Ekô Hashimoto rajoutent tous deux le marron.



Mots-clés : , , , ,