Un poème de Ryôkan
Je vous propose une traduction (de mon crû) d'un poème chinois de Ryôkan (1758-1831), le moine zen ermite :
瞑目千嶂夕
人間萬慮空
寂寂倚蒲団
寥寥対虚窓
香消玄夜永
衣単白露濃
定起庭際歩
月上最高峯
[sans titre]
Je ferme les yeux, mille murs de montagne au crépuscule,
Les dix mille pensées de l’homme sont vides.
Solitaire, je me tiens sur le coussin,
Silencieux, devant la fenêtre vide.
L’encens s’est éteint, la nuit noire dure,
Ma robe n’est pas doublée, la rosée de l’aube se condense.
Je me lève de la méditation, tandis que je marche d’un côté de la cour
La lune monte au plus haut des pics.
Mots-clés : poésie, Ryôkan, traductions
Imprimer | Articlé publié par Eric le 15 Avr. 07 |
le 16/04/2007
magnifique !!!!!
mais pas super gai..on peut pas dire que ça donne la pêche le matin..
le 16/04/2007
C'est vrai, c'est très beau et très épuré aussi.
C'est tout de fois curieux qu'il y est autant de littérature et de poésie sur le Zen. Comme quoi le besoin de partager, de faire sentir et de transmettre ne peux se passer des mots, symboles trop "petits", qui sont heureusement à la mesure du plus grand nombre (et encore!).
De mon âme à ton âme et d'une fleur à un sourire sont un "grand" nectar bien difficile à goûter.
En attendant, je reprendrais bien un p'tit koan et un doigt de poésie..
Wilfried
le 17/04/2007
Après une nuit _ du crépuscule à l'aube - assis en méditation, la lune se lève au dessus des monts en éclairant ce nouveau jour. Quelle joie candide et fraîche nous parvient à travers ces vers sans artifices. Seulement des impressions simples, éprouvées: le crépuscule où se dressent les montagnes vertigineuses et sombres dans le cadre d'une fenêtre, des pensées sans importance qui n'ont pas prise sur la réalité, la bougie qui s'est s'éteinte, l'odeur de l'encens, le silence, le noir de la nuit, l'humidité froide des premières heures du matin, et ce mouvement ascendant et subtil d'une lumière autre, coïncidant avec la lumère "palpable" de l'aube. Quand la poésie épouse aussi parfaitement le mystère (le dénuement) de l'instant, il n'y a plus rien à ajouter. Ni joie ni tristesse. Ni formes ni vide. Ryôkan qui ne goutait guère s'exprimer à propos de l'éveil, a écrit:
"On peut considérer que cette vie est vaine, mais c'est celle qui me convient"
"Je voudrais dire aux hommes que pour être heureux peu de choses sont nécessaires."
Comment parler de la source sans la nommer? Merci Eric pour cette traduction en direct.
André