Transformer la terre en or
Je reçois un message électronique de José Peres Baptista, responsable éditorial du blog NRV, qui me précise :
« L'article du blog NRV auquel vous faites référence sur votre blog et en avez tiré un billet n'était pas destiné à être pris au premier degré. Bien au contraire, il a été écrit à l'attention de certains membres de la "communauté" DEL qui a subi quelques remous ces derniers temps. Le DEL est depuis sa reprise un espace collectif avec parfois des heurts. Pour en être au courant, il faut en suivre aussi les commentaires. D'autre part, et pour précision, le billet n'est qu'une reprise de textes tenus dans le "Que sais-je ?" intitulé "Le bouddhisme" d'Henri Arvon, 9ème édition de 1979, paru aux Presses Universitaires de France. »
Soit. Mais si le texte est effectivement directement repris d’un Que sais-je ? sur le bouddhisme, la tâche est encore plus ardue ! Que de contre-sens qui laissent entendre que le bouddhisme serait un pur nihilisme. Ainsi « le moi serait une création momentanée et fortuite ». Cette thèse défendue par une école matérialiste de l’époque du Bouddha est précisément combattue par le Bouddha car elle nie toute forme de causalité (et au-delà toute possibilité de transformation intérieure... dur, dur).
Mais revenons sur le pessimisme. Le pessimisme est un regard « à distance », en retrait du monde, il y a ce que je suis et ce que le monde est. Hors la pratique du bouddhisme conduit à ressentir pleinement comme je ne suis jamais à distance du monde. Sans sujet, il n’y a pas d’objet. Sans objet, il n’y a pas de sujet. Le moi et le monde émergent dans un même processus cognitif. Il ne s’agit donc pas de se détacher du monde mais de le convertir (et de se convertir) par un mouvement intérieur. Dans le zen, nous disons qu’il nous faut « transformer la terre entière en or ».
Dans le premier chapitre du Sûtra de Vimalakîrti, Shâriputra le pessimiste se plaint de ne voir que ronces, épines et roches blessantes autour de lui. Le Bouddha Shâkyamuni presse alors le sol de son orteil, ce qui a pour effet de parer l’univers d’ornements précieux. Le Bouddha s’adresse alors à Shâriputra et lui dit : « O Shâriputra, contemple un instant la pureté de cette terre de Bouddha dans toute sa splendeur ! » Notre pratique bouddhiste consiste à presser l’orteil sur le sol que resplendisse toute la beauté du monde. Rien d’autre.
Les mains jointes.
« L'article du blog NRV auquel vous faites référence sur votre blog et en avez tiré un billet n'était pas destiné à être pris au premier degré. Bien au contraire, il a été écrit à l'attention de certains membres de la "communauté" DEL qui a subi quelques remous ces derniers temps. Le DEL est depuis sa reprise un espace collectif avec parfois des heurts. Pour en être au courant, il faut en suivre aussi les commentaires. D'autre part, et pour précision, le billet n'est qu'une reprise de textes tenus dans le "Que sais-je ?" intitulé "Le bouddhisme" d'Henri Arvon, 9ème édition de 1979, paru aux Presses Universitaires de France. »
Soit. Mais si le texte est effectivement directement repris d’un Que sais-je ? sur le bouddhisme, la tâche est encore plus ardue ! Que de contre-sens qui laissent entendre que le bouddhisme serait un pur nihilisme. Ainsi « le moi serait une création momentanée et fortuite ». Cette thèse défendue par une école matérialiste de l’époque du Bouddha est précisément combattue par le Bouddha car elle nie toute forme de causalité (et au-delà toute possibilité de transformation intérieure... dur, dur).
Mais revenons sur le pessimisme. Le pessimisme est un regard « à distance », en retrait du monde, il y a ce que je suis et ce que le monde est. Hors la pratique du bouddhisme conduit à ressentir pleinement comme je ne suis jamais à distance du monde. Sans sujet, il n’y a pas d’objet. Sans objet, il n’y a pas de sujet. Le moi et le monde émergent dans un même processus cognitif. Il ne s’agit donc pas de se détacher du monde mais de le convertir (et de se convertir) par un mouvement intérieur. Dans le zen, nous disons qu’il nous faut « transformer la terre entière en or ».
Dans le premier chapitre du Sûtra de Vimalakîrti, Shâriputra le pessimiste se plaint de ne voir que ronces, épines et roches blessantes autour de lui. Le Bouddha Shâkyamuni presse alors le sol de son orteil, ce qui a pour effet de parer l’univers d’ornements précieux. Le Bouddha s’adresse alors à Shâriputra et lui dit : « O Shâriputra, contemple un instant la pureté de cette terre de Bouddha dans toute sa splendeur ! » Notre pratique bouddhiste consiste à presser l’orteil sur le sol que resplendisse toute la beauté du monde. Rien d’autre.
Les mains jointes.
Mots-clés : pessimisme, Vimalakîrti
Imprimer | Articlé publié par Éric Rommeluère le 12 Déc. 07 |
le 13/12/2007
Merci Eric pour cette belle mise au point.