Toux ceux qui étaient présents en conviendront, le séminaire Prendre soin du monde qui s’est tenu les 9 et 10 juin 2012 à Paris était réellement inspirant. Le mérite en revient d’abord à l’économiste Christian Arnsperger qui a su trouver les mots justes afin de vivifier le travail que nous avions entrepris.

Depuis un an environ, plusieurs enseignants et pratiquants bouddhistes français se retrouvent régulièrement soit en session fermée soit en session ouverte pour explorer de nouvelles formes d’actions sociales. Dans ce séminaire, nous avions voulu donner une tonalité plus consciente et plus engagée en abordant les dimensions économique et politique. Christian Arnsperger avait répondu positivement à notre invitation, non seulement de nous présenter son travail de réflexion critique mais également de nous aiguillonner. Il débuta par une contribution formelle sous la forme d’une conférence. C’était la première fois que j’entendais un discours aussi clair et construit sur les impasses du capitalisme tout en étant exempt d’amertume ou d’animosité. Son propos n’était pas d’imaginer ce que pourrait être une nouvelle société à venir mais déjà de réfléchir aux conditions d’émergence d’une telle société. Il l’expliqua fort bien : Les formes actuelles capitaliste et libérale ont une vocation totalitaire qui empêche des projets collectifs alternatifs d’émerger en son sein. Ces projets existants sont rejetés à sa périphérie et sont toutes, indirectement ou directement, dépendants du capitalisme. Le développement d’authentiques projets pérennes suppose d’abord d’en créer les conditions d’émergence. Celles-ci ne sont pas réunies dans nos sociétés occidentales. Il détailla six mesures politiques qui permettraient de les créer, notamment une refonte de la démocratie, la proposition d’un revenu de transition économique ainsi qu’une réforme radicale de la création monétaire. Ces propositions s’insèrent dans une réflexion globale, anthropologique, sociale, économique et politique et sont détaillées dans son dernier livre, L’homme économique et le sens de la vie. Petit traité d'alteréconomie. Le lendemain, Christian Arnsperger nous proposa d’expérimenter un «yoga économique», des exercices qui permettent non de réfléchir mais de percevoir d’une manière plus existentielle comment nous avons intégré des systèmes de perceptions et de valeurs qui engluent l’imagination et l’action. C’était remarquable.

Ce week-end devrait déboucher sur la création d’une association transversale de bouddhistes engagés francophones et la mise en place d’un programme pour les personnes qui souhaitent allier l’engagement bouddhiste et l’engagement citoyen, sur le modèle du BASE du Buddhist Peace Fellowship. Ce programme offrirait des outils pratiques pour déployer l’imagination et l’action.

Je vous propose d’écouter ma propre intervention lors de ce week-end (45 minutes). Malheureusement, celle de Christian Arnsperger n'est pas disponible.



Pour se rattraper, une interview de Christian Arnsperger exemplaire de son ton.




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