Une autre biographie, toujours extraite des Vies excentriques des temps modernes (Kinsei kijin den, 1790), celle de Tetsugen Dôkô (1630-1682), l'un des plus célèbres moines de l'école zen Ôbaku. Il fit imprimer l'intégralité du canon bouddhiste (48.275 pages dans cette version imprimée). D'abord adepte de l'école Jôdo shinshû, il se convertit à l'enseignement du zen qu'enseignaient des moines chinois établis au temple d'Ôbakusan Manpukuji.

僧鉄眼

僧鉄眼、諱道光、肥後國本願寺末下の寺に生れ、既に妻もありしが、其宗徒不徳无才の人も、寺格により上位に居ることを甘心せず、黄檗山に登り木庵禪師に従ふ。其の妻たる人尋ね登しかども對面せざるを慮りて、黄檗門前に旅宿して、師の出づるを窺ふに、或日果して出でたるを、強ひて誘ひければ、止む事を得ず伴ひて故國へ歸り、其の郷まで入しが、ぬけて上途し、又黄檗に至る。法を嗣ぎし後、攝津國難波村瑞龍寺を建立せり。世人今猶鉄眼をもて其の寺を稱す、一切經の藏板を思ひ立ちて勸進せしに、其の料金集れる頃、天下大に餓ゑしかば、師憐みて件の金を殘らず施し、又如前勸進せるに、数年ならず又集りたるが、再び五穀不熟にて餓死多ければ、此の度も此の金を施行に盡せり。されども徳の至りにや、第三回の勸進にて藏經の印刻成就して、其の經を頒つ所の代金を、本寺より已下一宗の寺々に配ること今に於いて同じ。(同宗に錦袋園といふ藥をうるも同じ。勸學寮より一宗に金を頒つ) 此の師佛學深く説法能辮にて、俗間を化度する事多けれども、生涯建立門にかゝり、自の腕力十分ならずといひて、吾が法嗣を立てず、法弟寶洲和尚に寺を附屬す。是又他の難き所なり。寶洲も佛學に長じて徳業ありしとぞ。

Mon essai de traduction :

Le moine Tetsugen

Le moine Tetsugen, Dôkô de son nom d’ordination (imina), était né dans un temple dépendant du Honganji de la province de Higo. Il avait déjà une épouse mais, insatisfait que dans son école des personnes sans vertu ni talent occupent des positions élevées dans la hiérarchie, il se rendit au temple d’Ôbakusan [Manpukuji] où il suivit le maître zen Mokuan. Sa femme vint le trouver mais pensant qu’elle ne pourrait le rencontrer, elle se logea dans une auberge aux abords du temple (monzen) d’où elle épiait sa sortie. Un jour, il sortit selon ce qu’elle avait espéré. Comme elle le pressait de la rejoindre, il n’eut d’autre choix que de retourner avec elle dans sa province jusqu’à revenir dans son village mais il s’échappa, reprit la route et rejoignit à nouveau Ôbaku. Après avoir reçu la transmission du dharma, il fonda le temple de Zuiryûji au village de Naniwa dans la province de Settsu. Même aujourd’hui les gens appellent ce temple de son nom, le Tetsugenji. Il décida de faire graver une édition du canon bouddhiste et il collecta des fonds (kanjin). Au moment où l’argent nécessaire fut rassemblé, il y eut une grande famine dans le pays, et dans sa compassion il le distribua sans qu’il ne lui reste plus rien de cet argent. Puis à nouveau, il recommença sa collecte comme avant. En très peu d’années, l’argent fut réuni mais à nouveau les cinq sortes de grains ne mûrirent pas et les morts de faim furent si nombreux que cette fois-ci également il dépensa la totalité en aumônes. Au comble de la vertu cependant, à la troisième collecte, il mena à son terme l’impression du canon. De même aujourd’hui, le coût de la distribution de ces sûtras est réparti entre tous les temples de l’école [Ôbaku] du temple principal aux suivants (de la même manière, on vend dans cette école une médecine du nom de kintaien, l’argent est distribué dans toute l’école par la résidence Kangakuryô). Les études bouddhistes de ce maître étaient profondes, ses sermons éloquents et bien que la populace qu’il convertissait était fort nombreuse, il resta toute sa vie au seuil de l’habileté (konryûmon). On dit qu’il n’eut pas suffisamment de force en lui-même et il ne désigna pas d’héritier dans le dharma (hôshi). Il transmit le temple à maître Hôshû, son disciple. Ce fut également une affaire difficile pour les autres [disciples]. Il est dit qu’Hôshû était tout autant versé dans les études bouddhistes et qu’il pratiquait les actes vertueux.


Une vraie difficulté de traduction avec l'expression konryûmon ni kakari, lit. "suspendu à la porte de l'établissement" sur laquelle je sèche. Konryûmon, "la porte de l'établissement / la rubrique de la manifestation" est un terme technique du zen et désigne la dimension opérative post-éveil. Je la rends provisoirement par "rester au seuil de l'habileté" d'après le contexte. Toute suggestion bienvenue.




Tetsugen Dôkô. Cliquez sur l'image.

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