Tel que je l’ai reçu, tel que je le vis, l’enseignement du Bouddha est une mystique. Je n’aurais pas d’autre formulation. Je suis un pratiquant du zen. Cette tradition est issue d’un mouvement de réforme apparu en Inde peu avant et au début de l’ère chrétienne et qui s’est ensuite développé dans un large foisonnement d’écoles par-delà l’Himalaya et dans tout l’Extrême-Orient, du Tibet au Japon. Il s’intitule lui-même « la Voie de la Grandeur », mahâyâna en sanskrit (la traduction plus littérale de Grand Véhicule est également utilisée). La Grandeur est une mystique : Dans ses exercices méditatifs, l’adepte demeure dans la nudité de l’âme, toute forme de saisie mentale abolie. Le zen emploie une métaphore pour souligner que le délaissement exige la rupture de digues intérieures. L’esprit est comme un tonneau dont le fond aurait lâché, quoi qu’on y verse ensuite, il ne peut plus rien retenir. Le terme de « mystique » qui appartient à notre horizon occidental, plus spécifiquement chrétien, n’est certes pas utilisé en Orient. Les traditions de la Grandeur emploient le terme d’inconcevable afin de désigner cet espace où la pensée se libère d’elle-même. Leurs méthodes, leurs discours sont autant de stratégies afin d’« introduire à l’inconcevable », l’expression est usuelle. Rien ne semble pourtant nous destiner à la mystique. Les désirs, les attentes, les conceptions, les pensées remplissent chaque parcelle de notre vie. La Grandeur tire son nom de sa méthode : ne rien rejeter, ne rien refuser de ce matériel mais l’intégrer pour être converti à l’inconcevable. La conversion requiert néanmoins une condition, cultiver la foi, le courage et l’amour afin de créer l’intensité propice aux ruptures intérieures. Le maître s’y exerce le premier, le disciple l’émule.




Adele
, Someone like you, live au Royal Albert Hall (2011).

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