L'inconcevable
Tel que je l’ai reçu, tel que je le vis, l’enseignement du Bouddha est une mystique. Je n’aurais pas d’autre formulation. Je suis un pratiquant du zen. Cette tradition est issue d’un mouvement de réforme apparu en Inde peu avant et au début de l’ère chrétienne et qui s’est ensuite développé dans un large foisonnement d’écoles par-delà l’Himalaya et dans tout l’Extrême-Orient, du Tibet au Japon. Il s’intitule lui-même « la Voie de la Grandeur », mahâyâna en sanskrit (la traduction plus littérale de Grand Véhicule est également utilisée). La Grandeur est une mystique : Dans ses exercices méditatifs, l’adepte demeure dans la nudité de l’âme, toute forme de saisie mentale abolie. Le zen emploie une métaphore pour souligner que le délaissement exige la rupture de digues intérieures. L’esprit est comme un tonneau dont le fond aurait lâché, quoi qu’on y verse ensuite, il ne peut plus rien retenir. Le terme de « mystique » qui appartient à notre horizon occidental, plus spécifiquement chrétien, n’est certes pas utilisé en Orient. Les traditions de la Grandeur emploient le terme d’inconcevable afin de désigner cet espace où la pensée se libère d’elle-même. Leurs méthodes, leurs discours sont autant de stratégies afin d’« introduire à l’inconcevable », l’expression est usuelle. Rien ne semble pourtant nous destiner à la mystique. Les désirs, les attentes, les conceptions, les pensées remplissent chaque parcelle de notre vie. La Grandeur tire son nom de sa méthode : ne rien rejeter, ne rien refuser de ce matériel mais l’intégrer pour être converti à l’inconcevable. La conversion requiert néanmoins une condition, cultiver la foi, le courage et l’amour afin de créer l’intensité propice aux ruptures intérieures. Le maître s’y exerce le premier, le disciple l’émule.
Adele, Someone like you, live au Royal Albert Hall (2011).
Adele, Someone like you, live au Royal Albert Hall (2011).
Mots-clés : grandeur, mystique
Imprimer | Articlé publié par Jiun le 06 Mai 12 |
le 12/05/2012
Cher Eric,
Des termes comme ceux-ci : "la nudité de l’âme", "cultiver la foi"..., se rapprochant tant de la mystique chrétienne, ne nuisent-ils pas à ce que vous cherchez à exprimer de l'expérience bouddhiste ? Pourquoi évoquer l'âme ? Et la foi, terme tellement galvaudé et usé ?
Vous remarquez que le terme de "mystique" est très entaché de religion chrétienne ? Même si le dictionnaire autorise cette définition de l'adjectif : "Caché, secret ; dont la signification n'est discernable que par rapport au mystère ; allégorique, symbolique", son usage renvoie en règle général au religieux.
Il est vrai que témoigner nécessite d'utiliser, la plupart du temps, des mots et que ceux-ci sont toujours inadaptés et frelatés.... Raison de plus pour être plus attentif aux effets contraires qu'ils peuvent produire ?
Bien à vous, Serge Renaudie
P.S. Il est certain que s'exprimer en chantant comme Adele n'est chose aisée !
le 13/05/2012
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