Au moyen-âge, dans la tradition Sôtô, lorsqu'un disciple avait l'éveil (satori) son maître lui donnait un sceau d'approbation (inka).

Voici le sceau d'approbation que donna le maître Gasan Jôseki (1275-1365)
à son disciple Tsûgen Jakurei (1322-1391). Il s'agit d'un portrait de Gasan accompagné d'un poème. Ce document est conservé au temple de Ryûsenji dans l'actuelle préfecture de Fukui.



L'éveil de Tsûgen est rapporté de la façon suivante dans "Le recueil de la lampe ininterrompue de l'école sôtô au Japon" (Nihon tôjô rentô roku, 1742) :

一日聞山擧身心脱落話。忽然大悟。曰。我會也。山曰。汝作麼生會。師曰。和尚莫瞞人好。山曰。身心脱落時如何。師曰。倒騎佛殿出山門。山曰。莫亂走。師曰。羅籠不住。呼喚不回。拂袖便去。山微笑。

Un jour, il écoutait Gasan qui avait pris pour la commenter l’histoire du dépouillement du corps et de l’esprit (shinjin datsuraku) quand tout à coup il eut le grand éveil. Il s’exclama : «J’ai compris!»
Gasan lui demanda : «Qu’as-tu compris ?»
Le maître dit : «Révérend, mieux vaut ne pas tromper les gens.»
Gasan lui demanda : «Quand le corps et l’esprit sont dépouillés, que fais-tu ?»
Le maître répondit : «Je chevauche à l’envers la salle du Bouddha et je sors par la grande porte du temple.»
Gasan dit : «Ne cours pas dans tous les sens!»
Le maître dit : «Les pièges ne m’arrêteront pas, les cris ne me feront pas revenir en arrière.»
Il partit alors en secouant ses manches. Gasan eut un sourire.


Cela se passait comme ça dans les temps anciens! Mais ne nous trompons pas. Malgré son apparente spontanéité, ce dialogue très codifié reprend une série d'expressions et de clichés de la tradition zen chinoise. Il répond parfaitement aux attentes de l'éveil.

PS : J'espère que quelques lecteurs auront ainsi envie d'apprendre le chinois, une langue si déroutante.

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