Une biographie de Kin Ransai (on trouve également la lecture Kon Ransai) (1653-1732) empruntée aux Vies des excentriques des temps modernes (Kinsei kijin den, 1790) de Ban Kôkei.

金蘭齋は眞の老莊者にて、心も境界も是にあへり。尤家まどしく、いづれの書にても講を乞ふ人あれば、吾の其書なしといふ故に、購ひ求めて贈るに、開講の日に及び書生到れば、其の書は既に米に代へたりといふ。止む事を得ず書生の本を與へて購ぜしむ。又門人常に衣服を調へ贈るに、程なく賣る故に、あるたび背に圓形を白く大にして、中に金蘭齋と書きたるを贈られしに、さながら着て歩き物とも思はず。又或時客至りしに、猶寐ぬたり、おどろきて衾の内より出づるを見れば、袴を着ながら臥したり。又或時は講の半に代神樂といふもの、笛を吹き鼓を鳴らして街を過ぐる聲あり。書生にも謝せず、たゞちに走つて出でて、小兒と共に彼の者の後につきて歩きける。あるは道路にて、女の帶の結びを指さし微笑して、造物者の無盡藏といひしもをかしかりしとぞ。此の人著せる老子國字解、近き比刻に就けり。假名をもて書きしかど、一家の見識あり。他の俚諺抄の類にあらずと、ある人は評しき。

Ma traduction :

Kin Ransai était un véritable adepte du Laozi et du Zhuangzi, son esprit et son état s’accordaient avec eux. Sa maison était en effet pauvre. Lorsque quelqu’un lui demandait des leçons sur un classique chinois, peu importe lequel, il disait «je n’ai pas ce livre», alors la personne l’achetait et lui envoyait. Mais au jour dit du début des leçons, lorsque l’élève arrivait, il disait : «J’ai échangé ce livre contre du riz». Ne pouvant faire autrement, l’élève lui donnait son propre exemplaire pour qu’il fasse la leçon. De même, l’un de ses disciples avait l’habitude de lui envoyer des vêtements qu’il revendait aussitôt. Alors une fois, il lui en fit parvenir un en particulier, avec au dos un grand cercle blanc au milieu duquel était calligraphié son nom, Kin Ransai. Il le portait tel quel sans y prêter attention. Une autre fois, un visiteur arriva alors qu’il dormait encore. En le voyant s’extraire tout surpris de son couchage (fusuma), il vit qu’il s’était couché en gardant sa jupe-pantalon (hakama). Une autre fois encore, au beau milieu d’une leçon, il entendit un cortège de danse rituelle (daikagura) qui passait dans la rue au son des flûtes et des tambours. Sans même s’excuser auprès de son élève, il sortit sur le champ en courant pour marcher en queue du cortège en compagnie des enfants. Un jour, sur une route, en souriant, il montra du doigt le nœud de la ceinture (obi) d’une femme et fit une remarque fort amusante, disant «le trésor inépuisable du créateur». Son livre «Explications en caractères japonais du Laozi» a été publié voici peu. Bien qu’il fut écrit en lettres japonaises (kana), il possède la sagacité d’une autorité. Une personne a estimé «qu’il n’était pas comparable aux autres commentaires en langue vulgaire».




Kin Ransai, gravure de l'édition des
Vies des excentriques des temps modernes (cliquez sur l'image).

Pour ceux qui s'intéressent au japonais classique (bungo), quelques éléments de grammaire et de vocabulaire.

まどしく, madoshiku, adj., pauvre.
中に金蘭齋と書きたるを贈られしに, ellipse de 衣服 déjà cité.
といひしもをかしかりしとぞ, to ii shimo okashikari shi to zo, fit une remarque (to zo, citation indirecte) fort (shimo... shi, emphase) amusante (okashiku, adj.), disant (to ii).

境界, kyôgai, la situation, la condition.
代神樂, daikagura, à l'époque Edo, une procession de danseurs et de jongleurs où l'on portait des costumes à tête de lion.
一家 ikka, une autorité, cf. l'expression 一家を成す, "devenir une autorité".

Toute remarque ou amélioration bienvenue.



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