Dans son poème, Ryôkan écrit : "Je ferme les yeux, mille murs de montagne au crépuscule."

Dans un contexte bouddhiste, l'expression "fermer les yeux" ( 瞑目す meimoku su) a le sens de "méditer", mais l'emploi est ici plus métaphorique que réel.

Dans la tradition du zen sôtô, les yeux ne doivent pas être totalement fermés pendant la méditation ; le regard doit simplement être abaissé, les yeux sont alors mi-ouverts. Le maître zen Dôgen (1200-1253) revient plusieurs fois sur le sujet. Apparemment, la question faisait débat à son époque.

Aux 17e-18e siècles, les textes de l'école sôtô montrent des approches parfois fort différentes les unes des autres mais la question de l'ouverture des yeux ne fait guère l'objet de discussions. Un certain Mannan a laissé un manuel très détaillé sur la méditation qui eut un certain écho. Le livre qui est connu sous le titre de "Le sermon de Mannan écrit en japonais" fut publié en 1816. Malgré ses positions originales qui reflète l'éclectisme de l'époque - il explique notamment que l'on peut contempler mentalement la décomposition d'un cadavre lorsque l'esprit est agité ou endormi (!) - il continue d'écrire dans le droit fil de la tradition sôtô : "Les yeux doivent toujours être ouverts, le regard fixé sur la pointe du nez ; ne vous laissez pas gagner par l'endormissement, les yeux fermés." ("Le sermon de Mannan écrit en japonais", Mannan kana hôgô).

Ryôkan ne fait sûrement pas exception à la règle.

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