Doucement je monte à l’observatoire de l’Incommensurable
Un nouveau poème de Ryôkan sur le Kokujôji, le temple qui se trouvait à quelques minutes de marche de son ermitage (ma traduction) :
閑上無量閣
支頤瞰雲煙
雲煙千萬層
宝塔映日懸
上有千章松
蒼翠六月寒
下有湧甘泉
徹底清無痕
誰能脱金印
簫灑與安禪
Doucement - monter - innombrable - observatoire
Soutenir - menton - regarder - nuages - brumes
Nuages - brumes - mille - dix mille - couches
Joyau - pagode - refléter - soleil - suspendre
Au-dessus - il y a - mille - gros troncs - pins
vert bleuté - sixième - mois - froid
En-dessous - il y a - jaillir - douce - source
Pénétrer - fond - pure - sans - rides
Qui - pouvoir - enlever - or - sceau
Léger - partager - paisible - méditation
Doucement je monte à l’observatoire de l’Incommensurable
Le menton posé sur les mains je contemple ce paysage de nuages et de brumes
Ses couches innombrables de nuages et de brumes
La pagode de joyaux émerge scintillante au soleil
Au-dessus se trouvent mille pins au tronc immense
D’un vert bleuté - même au sixième mois il fait froid
En-dessous jaillit une source d’eau douce
Jusqu’au fond limpide et pure
Qui saura se défaire du sceau en or
Et le cœur léger me rejoindre dans la méditation paisible ?
1. L'observatoire de l’Incommensurable, c’est-à-dire le temple de Kokujôji dédié au Bouddha Amida ("Lumière incommensurable").
4. "La pagode de joyaux", sans doute ici le petit pavillon hexagonal du temple de Kokujôji édifié en 1816.
6. Le sixième mois : le dernier mois d’été.
9. Le sceau en or des princes et des seigneurs qu’ils portaient sur eux, symbole ici de la recherche du profit et de la renommée.
10. La méditation paisible, synonyme de méditation assise (zazen).
Photographies : Le pavillon principal et le petit pavillon hexagonal du temple de Kokujôji (DR).
閑上無量閣
支頤瞰雲煙
雲煙千萬層
宝塔映日懸
上有千章松
蒼翠六月寒
下有湧甘泉
徹底清無痕
誰能脱金印
簫灑與安禪
Doucement - monter - innombrable - observatoire
Soutenir - menton - regarder - nuages - brumes
Nuages - brumes - mille - dix mille - couches
Joyau - pagode - refléter - soleil - suspendre
Au-dessus - il y a - mille - gros troncs - pins
vert bleuté - sixième - mois - froid
En-dessous - il y a - jaillir - douce - source
Pénétrer - fond - pure - sans - rides
Qui - pouvoir - enlever - or - sceau
Léger - partager - paisible - méditation
Doucement je monte à l’observatoire de l’Incommensurable
Le menton posé sur les mains je contemple ce paysage de nuages et de brumes
Ses couches innombrables de nuages et de brumes
La pagode de joyaux émerge scintillante au soleil
Au-dessus se trouvent mille pins au tronc immense
D’un vert bleuté - même au sixième mois il fait froid
En-dessous jaillit une source d’eau douce
Jusqu’au fond limpide et pure
Qui saura se défaire du sceau en or
Et le cœur léger me rejoindre dans la méditation paisible ?
1. L'observatoire de l’Incommensurable, c’est-à-dire le temple de Kokujôji dédié au Bouddha Amida ("Lumière incommensurable").
4. "La pagode de joyaux", sans doute ici le petit pavillon hexagonal du temple de Kokujôji édifié en 1816.
6. Le sixième mois : le dernier mois d’été.
9. Le sceau en or des princes et des seigneurs qu’ils portaient sur eux, symbole ici de la recherche du profit et de la renommée.
10. La méditation paisible, synonyme de méditation assise (zazen).
Photographies : Le pavillon principal et le petit pavillon hexagonal du temple de Kokujôji (DR).
Mots-clés : poésie, Ryôkan, traductions
Imprimer | Articlé publié par Eric le 13 Juin 07 |
le 13/06/2007
Superbe ascension paisible et toute simple. Merci Eric. Nostalgie....
le 14/06/2007
J'imagine aisément qu'un lecteur japonais de Ryokan ne distingue plus le mot à mot tel que tu nous l'exposes pour bien montrer les difficultés de la traduction. Il s'ouvre directement au cheminement ascentionnel, à la respiration sensible du poème, au calme culminant. Il est aussi vrai que cet alignement de caractères permet une vision plus vaste que le phrasé syllabique du français, par exemple. L'expérience sensible et intellectuelle du lecteur (et sa culture au niveau des symbôles exprimés) se trouve complètement engagée dans un jeu de références très classique, références de lieux, de saisons, d'appartenances sociales, de religion, d'histoire... La langue dans laquelle s'exprime Ryokan véhicule ce qui tient lieu d'éléments unitaires (de reconnaissance) pour un peuple. Et pourtant, complètement à l'écart des mondanités, il évoque à merveille la solitude inaliénable de la méditation, le vertige paisible de la réalisation. Il nous invite à partager avec lui cette réalité ultime de notre nature véritable. A la source.
J'aime ta façon de nous ouvrir les yeux et le coeur en compagnie de ce moine sublime dont l'enseignement n'en ai que plus "visible" grâce au complément linguistique que tu nous dévoiles,
Je continue à te suivre, malgré la distance. Avec toute ma reconnaissance,
André