Un poème chinois de Ryôkan (1758-1831), le moine zen qui effaçait ses traces, que j'ai traduit aujourd'hui :

我昔學静慮 
微微調氣息
如是經歳霜 
殆到忘寝食
縱得安閑處 
蓋縁修行力
爭如達無作 
一得即永得

Autrefois, j’ai étudié la méditation
Accordant finement le souffle
J’ai passé des années de la sorte
Au point d’en oublier de manger et de dormir
Même si je suis parvenu à l’inactivité
Ce n’est sans doute dû qu’à la force de ma pratique
Mais en quoi serait-ce comparable à l’atteinte du non-faire
Qui, une fois atteint, est atteint pour toujours ?


Il est calqué sur un poème d'Hanshan, le mystérieux poète ermite, écrit plus d'un millénaire auparavant :


可畏三界輪
念念未曾息
纔始似出頭
又却遭沈溺
假使非非想
蓋縁多福力
爭似識眞源
一得即永得

Craignez la ronde des trois mondes
Qui d’instant en instant jamais ne s’essouffle
C’est à peine comme si elle était apparue
Et que déjà on s’y sente englouti
Même l’absence de non-conceptualisation
N’est sans doute due qu’à la force de nombreux mérites
Mais en quoi serait-ce comparable à connaître la véritable source
Qui, une fois atteinte, est atteinte pour toujours ?

Je les ai traduits en parallèle pour garder les échos, , "la respiration" dans un cas, "cesser" dans l'autre, rendu ici par "souffle" et "s'essouffle" (2e vers).
Au 7e vers de Ryôkan
a aussi le sens de "connaître", parfait synonyme de au 7e vers d'Hanshan, mais j'ai préféré "atteindre", plus cohérent.
安閑 au 5e vers a également le sens d'"oisiveté"... que Ryôkan oppose à 無作, "le non-faire, le non-fabriqué".
Pas facile la traduction.

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