Billet invité

Un texte de Florian Leroy, pratiquant de la Voie, pour faire écho au texte d'Erto Fumagalli.

Bouddha n’est pas plus dans le mystère que lui, elle, nous et tous les autres. Disons que nous ne sommes pas moins dans le mystère que lui, disons que nous sommes mystère comme lui. Bouddha est ce que nous sommes et que nous n’avons pas encore vu ! Car il s’agit bien de ça, voir ... non ?

Voir que les contes, les mythes, les légendes, les fées, les dragons, les princes et les princesses ne sont pas que dans les livres. Nos vies mêmes sont des contes, des mythes, des légendes, avec des démons à affronter, des fées à repérer, des princes ou princesses à embrasser... à qui sait voir.

Bouddha n’est pas une personne, Bouddha est personne, il n’est pas à l’extérieur, ni même à l’intérieur, il n’est pas dans le lointain passé, ni même dans un futur proche... Bouddha est dans le regard - Bouddha est regard. Capacité à "s’émerveiller" ou ’s’étonner" (j’hésite), pas esthétiquement parlant, mais (méta)-physiquement  et (méta)-psychiquement parlant. Être capable de "s’étonner" de ce qui est Vu et de CE qui voit. Être capable de voir le monde (dit extérieur comme dit intérieur) comme des "ornementations" de l’Espace-Vie ou de l’Espace- Esprit,  l’un comme l’autre étant totalement intriqué comme les deux faces d’une même pièce (en écrivant, je me dis que le langage est décidément pauvre pour dire...)

Alors, il n’y a plus de l’ordinaire mais de l’extra-ordinaire... rien de banal  (on oublie trop facilement que derrière la forme de notre table de salon se cache l’infinité des étoiles et derrière la forme des étoiles, l’infinité du vide), l’extra-ordinaire devient lui même ordinaire... Alors il n’y a pas  monsieur X qui vit mais Bouddha ou Présence ou Regard qui voit monsieur X vivre... sa pièce, ses histoires, ses drames, ses rôles.

Le regard est coulisse et plateau dans le même temps.
C’est être dans une position étrange.

Oui c’est cela, être-ange, voir le monde non, depuis les yeux mais depuis un point de vue ailé, subversif... qui ne veut pas dire détaché.

Le Monde ici étant : la matière, l’énergie, le physique, le psychisme, les perceptions, les sensations, les émotions, les pensées, la moindre petite pensée, les autres, le moi,  l’ego, les egos, la personne, les personnalités, le paysage, le décor, les tendances, les réactions, les histoires... bref la Vie qui bouge, l’Esprit qui bouge, ce "je ne sais quoi" qui bouge et que je suis et ne suis pas.

Le regard est dilaté, pas centré, pas con-centré, pas ego-centré mais dilaté à l’infini petit comme à l’infini grand on ne sait plus "qui l’on est", "où l’on est", "ce que c’est" … et ce n’est pas un problème car "le problème" est vu pour ce qu’il est, une "ornementation" de la (divine) comédie qui n’a pas pris encore conscience d’elle même... Nous sommes encore à l’époque de la tragédie (Nietzsche).

"On ne voit qu’avec le cœur, l’essentiel étant invisible pour les yeux." Extrait du Petit Prince, un autre bouddha.

Florian Leroy

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