Grâce à T. je me suis replongé ces derniers temps dans la lecture des œuvres du moine Jiun sonja (1718-1804) qui eut une influence décisive sur Kôdô Sawaki, le maître zen. Je viens de traduire un court sermon intitulé Shukke kudoku, «Les mérites de quitter la maison» daté de la première année de Meiwa (1764) que je vous livre. Le texte est beau mais l’idéologie de l’harmonie dont il est imprégné est quelque peu discutable. Jiun assimile le moine au roi mythique «qui tourne la roue» dont la seule présence fait régner le dharma, ainsi qu’au souverain qui garantit les places de chacun au sein de la société. «Croiser correctement les mains sur la poitrine sans rien faire» est une expression proverbiale chinoise pour désigner un gouvernement juste et harmonieux.

Voici :

Les mérites de quitter la maison (Shukke kudoku)


Les mérites du moine sont innombrables et infinis. Comme ils sont expliqués en détail dans les Écritures et les Commentaires, je ne peux maintenant les reprendre. Je n’indiquerai que leurs conséquences facile à comprendre.

Le moine, d'une part, perpétue et fait prospérer la lignée du Bouddha. Il ressemble au prince né d’un roi qui tourne la roue. Bien qu’il soit un enfant, plus tard assurément, un tel homme détiendra les sept trésors et gouvernera les quatre continents. Il en va de même du moine-bodhisattva. Bien qu’il ne soit pas encore pourvu de toutes les bonnes vertus et que sa force soit limitée et faible, plus tard assurément il sera amplement doté d’une myriade de vertus, il sera appelé un maître pour les hommes et les dieux. D’autre part, il devient un champ de mérites pour les êtres. La raison en est que le moine est l’incarnation de la compassion. Ceux qui le voient, hommes et dieux, constituent les causes et les conditions des mérites. Ceux qui lui rendent hommage et le vénèrent obtiendront immanquablement la rétribution d’être honorés et ceux qui lui font des offrandes et qui lui font des louanges développeront assurément les mérites et la sagesse. Ceux que l’ombre de son kesa touche, même les oiseaux, les bêtes et les petites bêtes qui volent et qui grouillent, tous constituent les causes et conditions lointaines de la réalisation de l’éveil. Lorsqu’il médite en marchant sous la lune, son esprit se vide sûrement des myriades d’objets perçus. Lorsqu’il médite assis sous un arbre, tous les enseignements d’éveil se révèlent en son propre esprit. Au large, il s’égaie par-delà les trois mondes sans plus ressentir que son corps se trouve sur terre. Il se lève tranquillement de son siège dans une seule chambre. Il ne sait pas lui-même qu’il est un moine ni même un être humain. En quoi serait-il concerné par le gain ou la perte, le vrai ou le faux ? Le prince ne peut plus le traiter comme son sujet, le père ne peut plus le traiter comme son fils. Il n’a plus le souci d’une femme et d’enfants. Il ne lutte plus pour la renommée et le profit. Devenu le maître des trois mondes, il permet au coupeur de bois de chauffage de ramasser son bois sans être lui-même concerné par ses propres affaires. Il permet à la fileuse de filer son fil, sans non plus ni gagner ni perdre. Il permet au soleil et à la lune de briller par dessus la terre. Il permet aux hommes de se trouver établis dans les positions de supérieur et d’inférieur, de noble et de vulgaire. Il permet aux poissons de s’ébattre dans l’eau. Il permet aux bêtes de courir dans la montagne. Il y a là une grande fortune qui ne relève pas d’un rang à la cour. Il y a là une grande félicité sans aucun rapport avec les cinq agrégats, la forme et l’esprit. Il ressemble au souverain devenu le directeur des quatre classes de personnes qui permet à chacun d’accomplir sa tâche tandis qu’il croise correctement les mains sur la poitrine sans rien faire. Tous les êtres sont ses enfants. Il n’y a que de la compassion sans notion d’inimitié ou d’affection, de proche ou de lointain. Se raser les cheveux signifie abandonner tous les ornements, teindre ses vêtements, transcender laes conditions d’inférieur et de supérieur, tenir son bol, devenir un champ de mérites pour tous les êtres.

J’ai abrégé et noté les points essentiels ci-dessus. Pour le reste, vous devrez consulter les Écritures et les Commentaires ou bien interroger vos aînés.

Le huit du douzième mois de la première année de la nouvelle ère Meiwa.

Sôryû Onkô
 


Pour les personnes intéressées, je joins la version originale en japonais classique. Jiun sonja écrit soit en bungo, la langue littéraire, soit dans le dialecte de Kyôto. Ses écrits en langue dialectale me désespèrent car je n’ai jamais trouvé ni en japonais ni en anglais de grammaire détaillée explicative. Sa langue en japonais littéraire est fluide et simple et ne pose généralement pas de problème particulier de compréhension.

Source : Jiun sonja hôgo shû, «Recueil des sermons du vénérable Jiun», Sammitsudô, Kyôto, p. 342.

Je vous remercie de ne pas reproduire ce texte sans mon autorisation. Toute correction bienvenue.

出家功徳

出家の人功徳無量無邊なり。但これは經論の中に詳悉なれば今擧ぐるに及ばず。唯その境界のしり易きを示すべし。

それ出家とは上佛種を紹隆するものなり。たとへば轉輪王に太子出生し玉ふごとし。此人幼稚なりと雖も、後かならず七寶具足し四天下を主どるべし。菩薩の出家人も亦かくの如し。未だ諸善功徳なく其力狹劣なりと雖も、後かならず萬徳圓滿し天人師と稱すべし。下衆生の福田となる者なり。何となれば出家とは慈悲の姿なり。人天これを見るもの功徳因縁となる。禮拜恭敬する者必ず尊貴の果報を得る。供養賛嘆する者必ず福徳智惠を生ず。乃至禽獸蜎飛蠕動まで其袈裟の影にふるゝ者みな成佛の遠因縁となる也。月下に經行するとき心萬縁を空すべし。樹下に坐禪するとき一切法門己心中より現ず。逈然として三界のほかに遊ぶ、身の地上にあることを知らず。安祥として一室の内に起坐す、みづから出家なるを知らず、又人間なることをしらず、何ぞ得失是非にあづからん。君も得て臣とすること能はず、父も得て子とすること能はず。妻子の累なし、名利もきそひなし。三界の主宰となつて、樵者をして薪をとらしむ、我事にあづかるにもあらず。織婦をして糸を紡がしむ、また得もなく失もなし。日月をして下土を照臨せしむ、人間をして貴賤尊卑に立せしむ、魚をして水に遊ばしむ、獣をして山に走らしむ。此中大富貴あり位階にわたらず、大安樂あり五陰色心にあづからず。たとへば國王の四民の主宰となつて各々其業をつとめしめ、我は唯端拱無爲なるごとし。一切衆生吾子なり。唯慈悲あり怨親親疎なし。髪をそるは一切莊厳を棄捨する義なり。衣を染むるは一切貴賤を出過する義なり。鉢を持するは一切衆生のために福田となる義なり。

上來は省略して其趣を記す。餘は經論を披き或は先輩に問取すべし。

右明和改元後雪月八日也

雙龍飲光

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