Les mots du Zen :
Shukke 出家, moine ; lit. quitter la maison.
Zaike 在家, laïc ; lit. demeurer à la maison.

En 1872, le gouvernement japonais de Meiji promulgua le décret n° 133 qui levait l’interdiction faite aux moines bouddhistes de se marier et de consommer de la viande. De notre point de vue aujourd’hui, une telle autorisation, qui plus est émanant d’une autorité extérieure aux institutions bouddhistes, peut sembler anecdotique. Mais pour tous les moines d'alors, ce décret faisait vaciller les piliers même du bouddhisme. Le célibat et l’alimentation végétarienne fondaient en effet spécifiquement l’identité du moine au Japon. Les autorités arguaient qu’une large proportion des bonzes avait une concubine et que le décret ne faisait que reconnaître un état de fait. En réalité, le décret s’insérait dans une série de violentes mesures prises par un gouvernement ouvertement anti-bouddhiste.

Les milieux bouddhistes ne s’y trompèrent pas. Plusieurs monastères zen avertirent qu’ils expulseraient les moines qui enfreindraient les deux préceptes. Nishiari Bokusan, l’une des plus grandes figures de l’école Sôtô de l’époque, écrivit un pamphlet virulent intitulé
"De la réfutation du mariage des bonzes". En 1878, le gouvernement répondit à la fronde que le fameux décret n° 133 ne faisait qu’abroger une loi et que le gouvernement n’avait justement pas à se mêler des affaires internes aux écoles bouddhistes. Les moines persistèrent dans leur critique de l’édit qu’ils percevaient comme infamant et comme légitimant la sécularisation. Ils n’eurent pas gain de cause et en quelques dizaines d’années, la sécularisation fut totale.



Sur cette photographie prise au temple de Shuzenji en Meiji 38 (1905) on distingue de gauche à droite :

Oka Sotan (1860-1921), abbé de Shuzenji, fondateur du temple d’Antaiji

Nishiari Bokusan (1821-1910)
, abbé de Sôjiji
Hioki Mokusen (1847-1920), abbé de Kasuisai, 66e abbé d’Eiheiji

Toutes les lignées modernes de l’école Sôtô sont issues de leurs enseignements.

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