Shukke 2
Nous aimerions légitimer nos conceptions par quelques exemples illustres. Aujourd’hui, la plupart des bouddhistes occidentaux n’empruntent pas la voie du moine ni même celle du fidèle laïc à l’Orientale. Une voie médiane se construit où la plupart des pratiquants élaborent un nouveau chemin qui brouille l’opposition classique entre le moine et le laïc. Évidemment, il serait tentant d’opposer Dôgen, qui privilégiait la voie du moine à l’encontre de la voie du laïc, et son contemporain Shinran qui se disait lui « ni moine ni laïc » et porter quelques jugements sur leurs positions respectives, Shinran serait plus moderne ou Dôgen dualiste, par exemple.
Mais le contexte actuel est radicalement différent du contexte japonais du XIIIe siècle. Les réponses que nous apportons aujourd’hui répondent à nos contextes. Tout comme les réponses de Dôgen et de Shinran répondent à leur propre contexte. Pour bien comprendre la différence de position entre l’un et l’autre, il faut savoir que leurs perspectives et même toutes leurs œuvres ne sont qu’une longue réponse à la seule question bouddhiste qui valait d’être posée à l’époque : Que faire au temps de la fin ? Toutes les écoles japonaises partageaient alors une doctrine commune sur la déliquescence progressive de l’enseignement du Bouddha. Selon cette doctrine, le dharma passait par trois périodes successives que l’on nommait la période du vrai dharma, la période de l’imitation du dharma et la période de la fin du dharma. Cette dernière période est marquée par l’impossibilité de tout éveil et l’inutilité de toute pratique. La détermination de la date d’entrée dans cette dernière période avait fait l’objet de savants calculs. Pour les Japonais, cette ère de la fin avait débuté en l’an 1052. Ils en voyaient les signes dans les multiples désastres, guerres et famines qui ravageaient le pays.
En ce XIIIe siècle, quelle réponse donner à cette déliquescence ? Pour Shinran, l’entrée dans la fin requiert un changement radical de perspective et d’attitude. Toute pratique est inefficace, mais l’on peut être sauvé en s’en remettant au Bouddha Amida qui avait fait le vœu que quiconque l’invoquerait renaîtrait en sa Terre Pure, un paradis éclatant dénué de souffrance. Pour Shinran, tous les modèles traditionnels sont devenus caducs et la voie du moine est épuisée. Être « ni moine ni laïc » est l’attitude religieuse appropriée dans l'ère de la fin du dharma. Pour Dôgen, au contraire, seule une pratique authentique, qui suppose un abandon de soi dans la méditation permettrait de faire revivre le vrai dharma. Non seulement, la voie du moine n’est pas caduque, mais elle seule, permet de restaurer le vrai dharma du Bouddha.
Un portrait de Shinran, qui, bien que ni moine ni laïc, portait la robe traditionnelle.
Pour une réflexion plus approfondie : Shinran's Philosophy of Salvation by Absolute Other Power, un article d'Alfred Bloom (anglais, document PDF, sur le site du Nanzan Institute). Une critique de Dôgen dans son Shôbôgenzô zuimonki (anglais, sur le site de l'école Sôtô).
Mais le contexte actuel est radicalement différent du contexte japonais du XIIIe siècle. Les réponses que nous apportons aujourd’hui répondent à nos contextes. Tout comme les réponses de Dôgen et de Shinran répondent à leur propre contexte. Pour bien comprendre la différence de position entre l’un et l’autre, il faut savoir que leurs perspectives et même toutes leurs œuvres ne sont qu’une longue réponse à la seule question bouddhiste qui valait d’être posée à l’époque : Que faire au temps de la fin ? Toutes les écoles japonaises partageaient alors une doctrine commune sur la déliquescence progressive de l’enseignement du Bouddha. Selon cette doctrine, le dharma passait par trois périodes successives que l’on nommait la période du vrai dharma, la période de l’imitation du dharma et la période de la fin du dharma. Cette dernière période est marquée par l’impossibilité de tout éveil et l’inutilité de toute pratique. La détermination de la date d’entrée dans cette dernière période avait fait l’objet de savants calculs. Pour les Japonais, cette ère de la fin avait débuté en l’an 1052. Ils en voyaient les signes dans les multiples désastres, guerres et famines qui ravageaient le pays.
En ce XIIIe siècle, quelle réponse donner à cette déliquescence ? Pour Shinran, l’entrée dans la fin requiert un changement radical de perspective et d’attitude. Toute pratique est inefficace, mais l’on peut être sauvé en s’en remettant au Bouddha Amida qui avait fait le vœu que quiconque l’invoquerait renaîtrait en sa Terre Pure, un paradis éclatant dénué de souffrance. Pour Shinran, tous les modèles traditionnels sont devenus caducs et la voie du moine est épuisée. Être « ni moine ni laïc » est l’attitude religieuse appropriée dans l'ère de la fin du dharma. Pour Dôgen, au contraire, seule une pratique authentique, qui suppose un abandon de soi dans la méditation permettrait de faire revivre le vrai dharma. Non seulement, la voie du moine n’est pas caduque, mais elle seule, permet de restaurer le vrai dharma du Bouddha.
Un portrait de Shinran, qui, bien que ni moine ni laïc, portait la robe traditionnelle.
Pour une réflexion plus approfondie : Shinran's Philosophy of Salvation by Absolute Other Power, un article d'Alfred Bloom (anglais, document PDF, sur le site du Nanzan Institute). Une critique de Dôgen dans son Shôbôgenzô zuimonki (anglais, sur le site de l'école Sôtô).
Mots-clés : Dôgen, Shinran
Imprimer | Articlé publié par Jiun Éric Rommeluère le 02 Fév. 10 |
le 02/02/2010
Merci pour cette réponse
amitié
frédéric
-----------------------------------------
Le tome 2 de la BD de Zem est sorti !
http://tiny.cc/ZEM2
-----------------------------------------