Se permettre de méditer
On a beau s’asseoir, s’essayer encore et encore à la méditation, on se trouve toujours un peu trop encombré assis, là, sur son coussin. Bien sûr, on pressent une autre dimension sinon on ne continuerait pas ; on y est presque, et pourtant tout cela semble si lointain. Alors pour se débrouiller, on utilise des techniques de concentration comme on l’a appris, ou bien on demande le bâton (kyôsaku), mais, ce ne sont que de contrecarrants, on se concentre car on était dispersé, le coup de bâton réveille car on était endormi, etc. Aucune véritable rupture ne s’est produite, le cercle des pensées et des non-pensées se perpétuent inlassablement. Certes, la méditation requiert le calme, car endormi ou agité, on sait qu’on n’y est pas. Mais le calme n’est pas la méditation, le calme n’est que la condition de la méditation.
La véritable méditation naît nécessairement d’un saut intérieur. Le calme comme l’absence de calme sont délaissés. Mais il ne s’agit pas d’un état cotonneux ou une sorte d’inconscience, on sait toujours si le saut a eu lieu ou non. Il n’existe aucune technique pour faire ce saut, il n’y a qu’à sauter. Ni les techniques de concentration ni le bâton ne le permettent. La seule manière de sauter, c’est de se permettre de sauter. La clé est là : se permettre de vraiment méditer, s’asseoir avec vigueur et s’ouvrir enfin à l’esprit vaste. Nous croyons que des pensées, des images, des malaises nous encombrent, mais non, seule la peur nous encombre réellement. Nous le savons bien. En réalité, nous ne nous permettons pas de nous ouvrir à l’esprit vaste. Ce saut intérieur est une ouverture, et dans l’ouverture plus rien ne peut nous encombrer. On ressent alors comme la méditation n’est pas affaire de calme mais bien de liberté.
La véritable méditation naît nécessairement d’un saut intérieur. Le calme comme l’absence de calme sont délaissés. Mais il ne s’agit pas d’un état cotonneux ou une sorte d’inconscience, on sait toujours si le saut a eu lieu ou non. Il n’existe aucune technique pour faire ce saut, il n’y a qu’à sauter. Ni les techniques de concentration ni le bâton ne le permettent. La seule manière de sauter, c’est de se permettre de sauter. La clé est là : se permettre de vraiment méditer, s’asseoir avec vigueur et s’ouvrir enfin à l’esprit vaste. Nous croyons que des pensées, des images, des malaises nous encombrent, mais non, seule la peur nous encombre réellement. Nous le savons bien. En réalité, nous ne nous permettons pas de nous ouvrir à l’esprit vaste. Ce saut intérieur est une ouverture, et dans l’ouverture plus rien ne peut nous encombrer. On ressent alors comme la méditation n’est pas affaire de calme mais bien de liberté.
Mots-clés : kyôsaku, méditation, grandeur
Imprimer | Articlé publié par Eric le 21 Déc. 06 |
le 21/12/2006
Comme vous visez juste, Eric, en pointant cette peur qui empêche de lâcher prise, d'accomplir le saut dans l'inexprimable! Zazen nous révèle ces peurs immémoriales qui conditionnent l'existence humaine, cette "tragédie des profondeurs" où se joue la face cachée de l'ego. La somnolence et l'agitation ne sont-elles pas la réponse affolée de cet ego retors dont la frayeur ultime, assimilée à la mort, réside essentiellement dans l'oubli de soi, c'est à dire la perte des masques identitaires durement façonnés, le basculement dans le vide et l'impermanence de la réalité insaisissable telle qu'elle est d'instant en instant? Les membres d'un groupe d'êtres humains civilisés placés dans une situation catastrophique extrême réagiront instinctivement de la manière suivante: les uns en se laissant totalement submerger par un état panique incontrôlable, les autres en sombrant dans un état d'inconscience léthargique pouvant aller jusqu'à la paralysie, tandis qu'une petite minorité réagira de façon correcte et responsable, incitant, par leur calme et leur détermination devant le danger, les autres à reprendre conscience. N'y aurait-il pas quelque chose de cet ordre dans la pratique du zen? Il m'a été raconté que Maître Deshimaru enseignait "la non-peur" lorsqu'il est arrivé en France. A la fin de sa vie, il revenait fréquemment à "la terreur qu'inspire le cosmos". Comme s'il avait voulu ébranler la quiétude de ses disciples, briser les limites et les certitudes acquises... Décidément, la voie de l'éveil ne nous laisse guère de prises, progressive et abrupte à la fois.
Votre blog tout d'apparitions et de disparitions, scintille comme une goutte de rosée rafraîchissante et discrète sur la toile du net.
André
le 22/12/2006
Se laisser avoir confiance…Explorer sa liberté…Développer un esprit clair , s’engager pour les autres et y porter une extrême attention bienveillante et active. Puiser tout ça sur un simple coussin….en douceur.
C’est peut-être ça être un Bouddha…
Depuis 2500 ans….. c’est toujours aussi difficile )))))))))
Mon petit bout de Bouddha est si petit…mais, en cette période de Noël où un précédent pape avait dit de ne pas avoir peur, j’essaye de préserver ce petit être si fragile.
le 22/12/2006
"se permettre de..", effectivement, la peur nous empêche non seulement d'aller à la rencontre de nôtre nature profonde (cette peur de l'inconnu) mais aussi d'accomplir nombres de choses au quotidien.Certaines personnes nous prouvent chaque jour , a travers leurs actes que nôtre potentiel (d'action, de compassion, d'amour, etc..) est bien plus vaste que ce que nous percevons ou croyons. N'est-ce pas, plus ou moins inconsciemment, nôtre idée de l'inconnue plutôt que l'inconnu lui même qui nous empêche de faire le pas du lâcher-prise? Cette peur n'est-elle pas une croyance du "je ne peux pas" dont il faut se défaire au profit d'un"je peux"?
Et l'on retombe du coup dans une certaine dualité conceptualisantes qui ne nous fait pas avancer au quotidien. Et zazen est là qui nous propose de dépasser cette dualité, de tomber nez à nez avec un équilibre.
l'agir et le non agir main dans la main. je médite et je me concentre, je ne m'endors pas(j'essaye!)=(action?), je suis là et simultanément , je ne m'attache pas, je ne me disperse pas, j'observe, je ne fais rien (non action) et si je lâche..si je laisse ma peur être, alors se brise la différence.
C'est peut-être cet oubli de je, cette mort à nous même qui nous offre la liberté.
Je suis là, devant la mort, je lutte , je cours, je m'accroche, je ne veux pas mourir, mais c'est certain, cette fois je vais y passer, c'est plus fort que moi, que reste t'il à faire? rien! alors que faire, j'ai tellement peur? rien! alors je lâche..et je suis, je suis? je suis! libre!
On le vivra tous un jour dans ce monde, on le vit tous chaque jour à chaque seconde dans le monde.
Les barrières n'existent pas, reste encore à le réaliser pleinement.
Ha, chouette le zen nous propose cette ouverture à nous même et à l'autre, aller, hop! tous sur le zafu et en dehors du zafu, il y à tellement à expérimenter, à vivre et à mourir tant de beauté à dévoiler même dans la douleur..
Bonnes fêtes à tous,
Amicalement, wilfried.
le 26/12/2006
la peur ou les peurs que nous avons , que nous générons, que nous engendrons et que le monde externe entretient est le pire de nos ennemis je pense...
semons la paix, graines par graines et prenons soins de les arroser...il y a urgence.
Marianne