On a beau s’asseoir, s’essayer encore et encore à la méditation, on se trouve toujours un peu trop encombré assis, là, sur son coussin. Bien sûr, on pressent une autre dimension sinon on ne continuerait pas ; on y est presque, et pourtant tout cela semble si lointain. Alors pour se débrouiller, on utilise des techniques de concentration comme on l’a appris, ou bien on demande le bâton (kyôsaku), mais, ce ne sont que de contrecarrants, on se concentre car on était dispersé, le coup de bâton réveille car on était endormi, etc. Aucune véritable rupture ne s’est produite, le cercle des pensées et des non-pensées se perpétuent inlassablement. Certes, la méditation requiert le calme, car endormi ou agité, on sait qu’on n’y est pas. Mais le calme n’est pas la méditation, le calme n’est que la condition de la méditation.

La véritable méditation naît nécessairement d’un saut intérieur. Le calme comme l’absence de calme sont délaissés. Mais il ne s’agit pas d’un état cotonneux ou une sorte d’inconscience, on sait toujours si le saut a eu lieu ou non. Il n’existe aucune technique pour faire ce saut, il n’y a qu’à sauter. Ni les techniques de concentration ni le bâton ne le permettent. La seule manière de sauter, c’est de se permettre de sauter. La clé est là : se permettre de vraiment méditer, s’asseoir avec vigueur et s’ouvrir enfin à l’esprit vaste. Nous croyons que des pensées, des images, des malaises nous encombrent, mais non, seule la peur nous encombre réellement. Nous le savons bien. En réalité, nous ne nous permettons pas de nous ouvrir à l’esprit vaste. Ce saut intérieur est une ouverture, et dans l’ouverture plus rien ne peut nous encombrer. On ressent alors comme la méditation n’est pas affaire de calme mais bien de liberté.

 

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