Les bouddhas naissent dans le feu (2)
Je remercie les premiers lecteurs qui m’ont écrit, certains qui me sont connus, d’autres qui me sont inconnus. Continuez. J’essayerais de répondre à chacun, même brièvement.
J'ai reçu hier le courrier électronique d’une lectrice : "Je l’ai terminé ce matin après l'avoir lu de a à z et dans l'ordre. Depuis tout à l'heure, j'en ai (à la lettre) le souffle et les jambes coupés. L'audace, c'est d'abord d'avoir entrepris de "traduire" "ça" "comme ça", et de l'offrir à la lecture de qui voudra. A ce stade, est-ce encore "un livre" ?! N'est-il pas réducteur de le présenter comme tel ? "Y'a pas que d'la pomme" disaient les tontons flingueurs d'une certaine eau-de-vie qui leur arrachait la gorge et les tripes, dans la scène culte de la cuisine."
Et bien!... En tout cas, "y’a pas que d’la pomme", y'a de la betterave aussi.
En l’écrivant, je cherchais à émouvoir et à bouleverser. Et même, qui sait, que l’on pleure de joie. N’était-ce pas présomptueux ? Peu importe, je me suis permis ce livre. Ceux qui l’ont déjà lu savent que "se permettre" est le maître-mot du livre. Il est construit comme un puzzle. Pendant deux mois, le maquettiste des Editions du Seuil a travaillé avec soin sur la mise en page car la forme même doit susciter une certaine perplexité (en anglais to puzzle : intriguer). Chaque paragraphe, même s’il est encadré par d’autres paragraphes, forme une pièce unique. Le lecteur ne le comprend pas tout de suite et puis, au fil de la lecture, il voit bien que certains paragraphes s’emboîtent et d’autres non. Curieux, il continue se demandant quelle figure va se dessiner à la fin. Et puis, non, quelque chose ne marche pas. Il manque quelque chose. Enfin le déclic surgit, le lecteur comprend : il est la pièce manquante du puzzle. Le livre ne peut se lire que s’il participe au livre, au risque d’en avoir le souffle coupé. Car le véritable sujet du livre, c’est bien le lecteur lui-même.
Jean Lefebvre : "Vous avez beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a aut'chose. Ça serait pas des fois de la betterave, hein ?"
Lino Ventura : "Si, y'en a aussi."
Les tontons flingueurs (1963)
J'ai reçu hier le courrier électronique d’une lectrice : "Je l’ai terminé ce matin après l'avoir lu de a à z et dans l'ordre. Depuis tout à l'heure, j'en ai (à la lettre) le souffle et les jambes coupés. L'audace, c'est d'abord d'avoir entrepris de "traduire" "ça" "comme ça", et de l'offrir à la lecture de qui voudra. A ce stade, est-ce encore "un livre" ?! N'est-il pas réducteur de le présenter comme tel ? "Y'a pas que d'la pomme" disaient les tontons flingueurs d'une certaine eau-de-vie qui leur arrachait la gorge et les tripes, dans la scène culte de la cuisine."
Et bien!... En tout cas, "y’a pas que d’la pomme", y'a de la betterave aussi.
En l’écrivant, je cherchais à émouvoir et à bouleverser. Et même, qui sait, que l’on pleure de joie. N’était-ce pas présomptueux ? Peu importe, je me suis permis ce livre. Ceux qui l’ont déjà lu savent que "se permettre" est le maître-mot du livre. Il est construit comme un puzzle. Pendant deux mois, le maquettiste des Editions du Seuil a travaillé avec soin sur la mise en page car la forme même doit susciter une certaine perplexité (en anglais to puzzle : intriguer). Chaque paragraphe, même s’il est encadré par d’autres paragraphes, forme une pièce unique. Le lecteur ne le comprend pas tout de suite et puis, au fil de la lecture, il voit bien que certains paragraphes s’emboîtent et d’autres non. Curieux, il continue se demandant quelle figure va se dessiner à la fin. Et puis, non, quelque chose ne marche pas. Il manque quelque chose. Enfin le déclic surgit, le lecteur comprend : il est la pièce manquante du puzzle. Le livre ne peut se lire que s’il participe au livre, au risque d’en avoir le souffle coupé. Car le véritable sujet du livre, c’est bien le lecteur lui-même.
Jean Lefebvre : "Vous avez beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a aut'chose. Ça serait pas des fois de la betterave, hein ?"
Lino Ventura : "Si, y'en a aussi."
Les tontons flingueurs (1963)
Mots-clés : écriture
Imprimer | Articlé publié par Eric le 26 Jan. 07 |
le 26/01/2007
C'est sûr....
le 28/01/2007
Cher M. Rommeluère, votre livre est une œuvre initiatique, je dirais même une épreuve initiatique puisque vous conviez votre lecteur au grand œuvre. La métaphore qui me vient spontanément à l’esprit est celle du labyrinthe. Une fois entré dans votre livre, le lecteur n’a qu’une seule alternative, soit vite le refermer soit, le cœur pur, avancer, en se dépouillant un à un des vêtements du vieil homme, jusqu’au centre vide du labyrinthe, jusqu’au creuset mystique, là où même la terre la plus humble peut se transformer en or. C’est l’ancienne voie du feu. Il est amusant que dans cet extrait des Tontons flingueurs Robert Dalban s’exclame, « Tiens vous avez sorti le vitriol ! » Le vitriol symbolise en Occident le processus même de la transformation intérieure. Le vitriol est la francisation du latin V.i.t.r.i.o.l.u.m., l’acronyme de la formule Visita Interiora Terrae, Rectificandoque Invenies Occultum Veram Medicinam, « Explore l’intérieur de la terre et en rectifiant et tu trouveras la pierre cachée, la vraie médecine. » Pour peu qu’on regarde bien, vous dévoilez la pierre cachée. Merci. Un humble lecteur.