Je serai absent du 4 au 16 juillet, notre retraite d’été débute ce vendredi. Je vous laisse avec ce mel reçu de Thomas qui pose une question essentielle, sinon «la» question fondamentale. J’y répondrai à mon retour. D’ici là, vous pouvez la mâchonner et la re-mâchonner. À bientôt.

J'ai participé il y a quelques années à des séances de méditation au sein de votre groupe. Je n'ai jamais pris le temps de vous remercier. Je n'ai jamais été très loin dans sa compréhension, et la question de la réincarnation m'avait bloqué : il me semblait qu'il est inévitable d'y croire lorsqu'on emprunte la voie du Bouddha, et faute d'y croire les sessions de zazen m'ont semblé, pour vous dire la vérité, stériles et même absurdes. Mon propos n'est pas de rejeter la réincarnation, ni aucune autre croyance, simplement il ne me paraissait pas correct de "faire semblant" si je ne ressentais pas cette vérité profondément en moi. Il aurait mieux valu vous en parler dès cette époque, mais je n'arrivais pas à l'exprimer clairement. À vrai dire, j'ai un esprit très matérialiste, et toute pensée métaphysique m'est tout simplement incompréhensible - ce que d'une certaine façon je vis comme un manque, mais on ne peut changer le fond de son être. Si l'on ne croit pas à une chaîne profonde qui unit les êtres et les choses, pas seulement par leur simple interactions, mais dans leur être même, comment penser que rester des heures durant assis en face d'un mur puisse être autre chose qu'une discipline éventuellement bénéfique sur un plan strictement personnel ?

Néanmoins la participation à ces sessions a été une étape importante vers le véganisme - je me rends compte maintenant que manger des êtres sensibles ne m'avait jamais paru naturel, et votre groupe m'a permis de passer outre le conformisme social. De cela je vous suis très reconnaissant.

Cette question de la réincarnation continue à me trotter dans la tête. Si le temps ne vous manque pas pour y répondre j'aimerais vous la poser : votre but, si je me rappelle bien, est d'acclimater le bouddhisme au contexte occidental, au sein duquel la réincarnation n'a jamais été un courant de croyance très prégnant. Pensez-vous donc qu'il soit possible de suivre une voie bouddhiste pleine de sens sans cette croyance ? Zazen a-t-il un sens si l'on ressent le monde d'une façon matérialiste ? En d'autres termes, le bouddhisme peut-il être une éthique et une pratique de vie bénéfique pour soi et surtout pour autrui et pour l'ensemble des êtres, sans soubassement métaphysique ? Je me rends bien compte de la naïveté de mes questions, mais je ne parviens pas de moi-même à leur trouver une réponse.

Veuillez me pardonner de vous importuner avec une question qui a dû déjà vous être posée... un certain nombre de fois. J'ai lu un certains nombre d'avis sur la question, mais les choses semblent assez controversées, et votre éclairage me serait précieux.


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