Perdre
S’éveiller a le sens de perdre ; s’égarer, celui de gagner. (Sawaki Kôdô rôshi)
Je pense qu'il y a peu de mots qui expriment la différence entre le monde profane et le dharma du Bouddha aussi clairement que ceux-ci. Habituellement, on essaye de perdre le moins possible dans une lutte incessante pour gagner, une lutte qui finalement nous épuisera. Mais Sawaki rôshi dit : «Nous devons perdre le plus possible. »
Ces paroles me rappellent l'histoire de Jean l’heureux dans les Contes de Grimm :
Jean suit pendant des années une formation loin de chez lui. Quand il l’a finalement achevée, son maître le renvoie chez lui, en lui donnant une grosse boule d’or massif en récompense de ses bons services. L'or sur ses épaules, Jean rentre chez lui. Après avoir marché un moment, il rencontre un homme à cheval. « Hé toi, la boule semble bien lourde, hein ? Pourquoi ne l’échangerais-tu pas contre ce cheval. Tu pourrais monter dessus et tu sera chez toi en un rien de temps ! »
La boule d'or se faisait en effet sentir sur ses épaules et il fut heureux de se voir proposer une si bonne affaire. Il décida alors de poursuivre son voyage à cheval. Après une bonne distance, il rencontra un autre homme qui menait une vache. « Vous avez un bon cheval, n'est-ce pas ? Mais si vous l’échangiez contre cette vache, vous auriez du lait tous les jours et vous pourriez faire votre propre beurre et votre fromage, qu’en dites-vous ? »
Jean fut convaincu. De toute façon, il était fatigué de monter. Menant la vache, il rencontra ensuite un fermier qui avait un cochon. « Un cochon a plus de petits qu'une vache et le cochon est savoureux. Eh bien, pourquoi ne l’échangeriez-vous pas ? »
De troc en troc, Jean était heureux à chaque affaire qu'il faisait. Arrivant non loin de la maison de ses parents, il rencontra finalement un homme avec une grosse pierre à aiguiser. « Quand vous rentrerez chez vous, pourquoi ne travailleriez-vous à affûter des couteaux ? Vous pourriez ainsi en vivre ! »
Convaincu à nouveau, Jean repartit avec un lourd fardeau. Non loin de chez lui, il aperçut un puits sur le bas-côté de la route. Assoiffé, il posa la pierre sur le rebord du puits. Il se pencha pour tirer de l'eau et la pierre tomba dans le puits ! Finalement libéré de ses fardeaux, il courut jusqu’à sa maison.
Heureux autant que peut l’être un homme.
Muhô Nöelke, lettre de Rutenkai, 1er décembre 2001.
En 2001, après avoir reçu la transmission de son maître Miyaura rôshi, abbé d’Antaiji, Muhô décida de vivre dans le parc d’Osaka, comme un sans domicile fixe. Il ouvrit un groupe de méditation, le Rutenkai. Mais en mai 2002, son maître mourut subitement. Muhô reprit alors la charge d’Antaiji où il demeure toujours.
Je pense qu'il y a peu de mots qui expriment la différence entre le monde profane et le dharma du Bouddha aussi clairement que ceux-ci. Habituellement, on essaye de perdre le moins possible dans une lutte incessante pour gagner, une lutte qui finalement nous épuisera. Mais Sawaki rôshi dit : «Nous devons perdre le plus possible. »
Ces paroles me rappellent l'histoire de Jean l’heureux dans les Contes de Grimm :
Jean suit pendant des années une formation loin de chez lui. Quand il l’a finalement achevée, son maître le renvoie chez lui, en lui donnant une grosse boule d’or massif en récompense de ses bons services. L'or sur ses épaules, Jean rentre chez lui. Après avoir marché un moment, il rencontre un homme à cheval.
La boule d'or se faisait en effet sentir sur ses épaules et il fut heureux de se voir proposer une si bonne affaire. Il décida alors de poursuivre son voyage à cheval. Après une bonne distance, il rencontra un autre homme qui menait une vache.
Jean fut convaincu. De toute façon, il était fatigué de monter. Menant la vache, il rencontra ensuite un fermier qui avait un cochon.
De troc en troc, Jean était heureux à chaque affaire qu'il faisait. Arrivant non loin de la maison de ses parents, il rencontra finalement un homme avec une grosse pierre à aiguiser.
Convaincu à nouveau, Jean repartit avec un lourd fardeau. Non loin de chez lui, il aperçut un puits sur le bas-côté de la route. Assoiffé, il posa la pierre sur le rebord du puits. Il se pencha pour tirer de l'eau et la pierre tomba dans le puits ! Finalement libéré de ses fardeaux, il courut jusqu’à sa maison.
Heureux autant que peut l’être un homme.
Muhô Nöelke, lettre de Rutenkai, 1er décembre 2001.
En 2001, après avoir reçu la transmission de son maître Miyaura rôshi, abbé d’Antaiji, Muhô décida de vivre dans le parc d’Osaka, comme un sans domicile fixe. Il ouvrit un groupe de méditation, le Rutenkai. Mais en mai 2002, son maître mourut subitement. Muhô reprit alors la charge d’Antaiji où il demeure toujours.
Mots-clés : Antaiji, Kôdô Sawaki, mystique
Imprimer | Articlé publié par Jiun Éric Rommeluère le 18 Fév. 10 |