La prise de refuge bouddhiste débute par la formule sanskrite namah qui est en Inde la parole par excellence de l’hommage, du salut et de la gloire. Elle provient du verbe nam qui a le sens de s’incliner ou de se courber. Namah est l’éclat d’un cœur doux et humble. On se réjouit et l’on accueille le Bouddha. On se réjouit et l’on accueille le dharma. On se réjouit et l’on accueille le sangha.

Ce rituel et les formulations, qui sont à peu près identiques quelles que soient les écoles, marquent formellement l’entrée dans la voie du Bouddha. Il s’agit d’une décision fondamentale, celle de ne plus se dérober, celle ne plus se préserver, en dépit de ses égarements et de ses multiples fantaisies. Le maître zen Dôgen a écrit un fascicule de son Shôbogenzô intitulé précisément Kie sambô, « Prendre refuge dans les Trois Trésors ». Le texte se termine de la façon suivante :


Quelle que soit leur pratique de la voie, immanquablement les enfants du Bouddha rendent en premier hommage aux Trois Trésors des dix directions. Lorsqu’ils les ont invoqués, ils brûlent de l’encens et dispersent des fleurs devant eux et ils vont s’exercer à toutes les pratiques. Il s’agit là des excellents exemples de nos anciens prédécesseurs, l’usage ancien des bouddhas et des patriarches. Si l’on n’a jamais accompli le rite de la prise de refuge dans les Trois Trésors, il faut savoir que cela relève de la loi des hérétiques, et même de la loi du céleste Mâra. L'enseignement de chaque bouddha et de chaque patriarche possède immanquablement en son début la cérémonie de la prise de refuge dans les Trois Trésors.


Dans la veine des Écritures indiennes dont il reprend et commente de nombreux passages, l’écriture de Dôgen se fait vibrante. Il conte de fabuleuses histoires où des dragons affamés, des dieux malheureux voient leur vie – et leur après-vie – bouleversée par la prise de refuge. Ces histoires soulignent toutes le caractère décisif d’une telle déclaration. Prendre refuge est un acte de parole qui, comme toute promesse faite, nous emporte au-delà de nous-mêmes. Nous voici désormais promis à l’éveil.


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