C. me demande s’il serait utile de créer un groupe de méditation dans sa ville. Je lui réponds :

Si je devais résumer notre pratique, je dirais qu’elle consiste à se libérer des peurs et à prendre soin du monde. Il y a trente ans, les groupes offraient un merveilleux espace pour pratiquer. Chacun était prêt à s’aventurer dans l’inconnu au risque de tout perdre - avec la conscience qu’il fallait précisément tout perdre. Mais en quelques décennies, les motivations se sont profondément transformées. Les centres aujourd’hui composent largement avec ces nouveaux désirs, être bien, être mieux, se protéger, etc. En plus se sont rajoutés la séduction et le pouvoir qui, sans cesse, ramènent à des considérations mondaines. À présent, les groupes et les centres m’apparaissent plutôt, non comme des espaces d’ouverture, mais comme des obstacles à la pratique du dharma, car ils n’ont plus cette force de susciter l’extraordinaire et radicale audace de tout laisser s’effondrer (même s’il existe de remarquables exceptions). Une personne sincère qui voudra pratiquer, étudier la Voie, fera comme tous ceux qui ont pratiqué jadis la Voie, elle traversera les montagnes et les rivières. Elle n’a pas besoin d’un groupe, mais d’un enseignant auprès de qui se mettre longuement à l’écoute. Le dharma est présent lorsque le maître et le disciple ont leurs sourcils qui se touchent. Les hommes et les femmes de la Voie sont rares, mais une seule personne suffit.

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