Lorsqu'aucune pensée ne surgit
La tradition zen utilise une célèbre formule pour décrire la pratique de la méditation : « Lorsque aucune pensée ne surgit, le corps entier apparaît » (一念不生全體現). La formule qui paraît bien énigmatique est particulièrement utilisée dans la tradition Zen Sôtô et demande quelques explications.
On entend parfois que la méditation consisterait simplement à laisser passer les pensées. Il suffirait de pas s’accrocher au va-et-vient des pensées qui surgissent d’instant en instant, et c’est tout ! Non seulement, ce genre d’indication échoue à décrire le processus méditatif, mais elle risque d'enfermer celui qui s’en contenterait dans un espace de fausse tranquillité. Nous passons de nombreux moments où nous ne sommes guère engagés dans un processus de réflexion consciente. S’y exercer un peu plus consciemment par l’immobilité ou l’attention est loin de suffir pour nous éveiller.
Dans les traités de méditation, cesser les processus ordinaires de réflexion et de délibération est toujours décrit comme une condition et non comme le contenu de la méditation. Dans son Fukanzazengi par exemple, Dôgen détaille les nombreuses conditions de la méditation, qu’elles soient externes et internes. L’arrêt de toute élaboration mentale est clairement présenté comme une condition au même titre qu’il est nécessaire de s'asseoir dans une pièce ni trop lumineuse ni trop sombre. Il s’agit d’un préalable. Lorsqu’il évoque le contenu de la méditation, Dôgen utilise dans ce même texte une formule un peu plus imagée que la formule traditionnelle puisqu’il écrit, « Lorsque naturellement le corps et l’esprit se détachent, le visage originel apparaît. » (自然身心脱落、 本来面目現前。) L’exercice suppose en effet un double mouvement, à la fois de rupture et de reconnaissance. Dès qu’il y a rupture, il y a reconnaissance. La rupture elle-même est reconnue comme telle. Il ne s’agit pas de rompre le processus ordinaire des pensées, ce que nous savons faire assez naturellement, mais de s’exercer à quelque chose de beaucoup plus périlleux, à la fois rompre nos attentes et nos représentations et demeurer dans la nudité et la transparence de l’esprit. Mais laisser passer les pensées ne suffit pas. Une déchirure, une percée est nécessaire. On l'exprime par cette phrase « Lorsque aucune pensée ne surgit, le corps entier apparaît. »
On entend parfois que la méditation consisterait simplement à laisser passer les pensées. Il suffirait de pas s’accrocher au va-et-vient des pensées qui surgissent d’instant en instant, et c’est tout ! Non seulement, ce genre d’indication échoue à décrire le processus méditatif, mais elle risque d'enfermer celui qui s’en contenterait dans un espace de fausse tranquillité. Nous passons de nombreux moments où nous ne sommes guère engagés dans un processus de réflexion consciente. S’y exercer un peu plus consciemment par l’immobilité ou l’attention est loin de suffir pour nous éveiller.
Dans les traités de méditation, cesser les processus ordinaires de réflexion et de délibération est toujours décrit comme une condition et non comme le contenu de la méditation. Dans son Fukanzazengi par exemple, Dôgen détaille les nombreuses conditions de la méditation, qu’elles soient externes et internes. L’arrêt de toute élaboration mentale est clairement présenté comme une condition au même titre qu’il est nécessaire de s'asseoir dans une pièce ni trop lumineuse ni trop sombre. Il s’agit d’un préalable. Lorsqu’il évoque le contenu de la méditation, Dôgen utilise dans ce même texte une formule un peu plus imagée que la formule traditionnelle puisqu’il écrit, « Lorsque naturellement le corps et l’esprit se détachent, le visage originel apparaît. » (自然身心脱落、 本来面目現前。) L’exercice suppose en effet un double mouvement, à la fois de rupture et de reconnaissance. Dès qu’il y a rupture, il y a reconnaissance. La rupture elle-même est reconnue comme telle. Il ne s’agit pas de rompre le processus ordinaire des pensées, ce que nous savons faire assez naturellement, mais de s’exercer à quelque chose de beaucoup plus périlleux, à la fois rompre nos attentes et nos représentations et demeurer dans la nudité et la transparence de l’esprit. Mais laisser passer les pensées ne suffit pas. Une déchirure, une percée est nécessaire. On l'exprime par cette phrase « Lorsque aucune pensée ne surgit, le corps entier apparaît. »
Mots-clés : Dôgen, Fukanzazengi, méditation, zen sôtô
Imprimer | Articlé publié par Jiun Éric Rommeluère le 07 Avr. 10 |