Retour sur Paris. Dans le train, j’ai pu lire le très bel ouvrage du philosophe Henri Maldiney, Penser l’homme et la folie, qui vient d’être réédité par son éditeur Jérôme Millon. Bon, le livre n’est pas des plus simples à lire, mais il est passionnant. Il s’agit d’un recueil d’articles paru pour la première fois en 1991 où Maldiney tente de penser phénoménologiquement la folie. Je pourrais résumer sa thèse en la simplifiant : ceux qu'on appelle les "fous" ne sont pas à même de vivre une dimension d’ouverture naturelle au présent. La compréhension de la présence, à soi, au monde, à l’autre, est au cœur de l’ouvrage.

Un extrait :
"Supposez que vous attendiez à la gare ou à l’aéroport un être qui vous est cher. Attendre quelqu’un est-ce s’attendre à son arrivée ? Les mots répondent d’eux-mêmes. S’attendre à un événement c’est s’attendre soi-même, à cet événement, comme à un rendez-vous qu’on se donne avec soi. Quand l’événement se produira, vous serez en présence d’un futur passé. Or si celui ou celle, si la personne que vous attendez répond à cette attente, vous êtes déçus. Il vous manque la surprise qui excède toute prise et qui est la marque de la réalité. Le réel est ce qu’on n’attendait pas, qu’on ne peut pas attendre, et qui, sitôt paru, est depuis toujours là."
Henri Maldiney, Penser l’homme et la folie, Editions Jérôme Millon, 2007, p. 257.

 

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