Repris de Paris-Normandie :

C'est devant une salle bondée que la présidente du tribunal correctionnel de Rouen
Claire Breynaert a ouvert l'audience, hier après-midi [21 septembre]. Outre les témoins ou prévenus cités dans une quinzaine de dossiers, une trentaine de personnes - parmi lesquelles l'acteur havrais Olivier Saladin, l'écrivain Jean-Marie Muller ou encore l'adjoint au maire de Rouen Guillaume Grima - venues soutenir la figure du collectif des « déboulonneurs », François Vaillant et, à travers lui, faire le procès du fichage ADN. Ce rédacteur en chef de la revue Alternatives non-violentes âgé de 58 ans est poursuivi pour « refus par une personne condamnée de se soumettre au prélèvement biologique destiné à l'identification de son empreinte génétique ». François Vaillant a en effet été condamné en 2007 pour dégradation de mobilier urbain : il a barbouillé des panneaux publicitaires dans le cadre de ses actions de « désobéissance civile ». Le prévenu a déjà écopé d'un euro d'amende. Là, il risque jusqu'à un an de prison. Mais son affaire a tourné court hier : elle a été renvoyée.

« Cette affaire était programmée sur quinze minutes. Mais vu les conclusions importantes déposées par votre avocat (Me François Roux, absent hier, NDLR) et les trois témoins que vous faites citer… Elle ne peut évidemment pas être jugée en un quart d'heure. Le dossier est donc renvoyé au lundi 7 décembre », indique d'emblée la présidente qui espère pouvoir examiner cette affaire « avec toute la sérénité qui s'impose ». La salle d'audience se vide en quelques secondes.

« Déboulonneurs » et « désobéisseurs » en tout genre se retrouvent à la sortie pour préparer la soirée-débat qui devait avoir lieu hier soir à Rouen
en présence notamment de Marie-Christine Blandin, sénatrice Verts et Matthieu Bonduelle, du Syndicat de la Magistrature (SM), deux des trois témoins cités à la barre. Les procès pour refus de prélèvement d'ADN se multiplient. Au ministère de la Justice, faute de statistiques sur les relaxes, leur nombre demeure inconnu. Reste celui des condamnations : 245 en 2004, 519 en 2007, selon une enquête du journal Le Monde parue il y a quelques jours. C'est peu, comparé à l'inflation du nombre de personnes fichées : 40 000 en 2004, 806 356 au 1er octobre 2008, 1 080 000 au 1er septembre 2009.

Plus d'un million aujourd'hui, combien demain ? C'est justement ce que craint François Vaillant, cela et la discrimination que peut engendrer un tel fichier. Le débat se poursuivra donc en décembre.

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