Le mystère du lotus disparu
Il y a là quelque mystère. Aujourd’hui, je constate que plus beaucoup de personnes n’arrivent à s’asseoir en demi-lotus, une pied posé sur la cuisse opposée. La posture du lotus complet, les deux pieds sur les cuisses opposées, paraît désormais réservée aux contorsionnistes avertis. Jeudi dernier, je donnais une initiation à la méditation pour cinq personnes nouvelles. Malgré leur bonne volonté, pas une ne pouvait s’asseoir en demi-lotus et deux durent même méditer à califourchon sur un coussin. Ce n’était pourtant pas une question d’âge, car elles devaient avoir 25 ans pour la plus jeune et 40 pour la plus âgée.
A l’époque où j’ai commencé la méditation (à la fin des années 70 dans le centre de Maître Deshimaru à Paris), tout le monde s’asseyait sans grande difficulté en demi-lotus et personne n’utilisait de banc. Je me rappelle que plusieurs méditaient même régulièrement en lotus. Il y a là quelque mystère, en effet, qu’il faut sans doute mettre sur le compte sur notre mode de vie de plus en plus sédentaire.
Quelques personnes ont de véritables problèmes corporels qui les empêchent de s’asseoir les jambes croisées mais, pour la plupart, il ne s’agit que de muscles, de tendons et de ligaments trop courts ou trop tendus. Des exercices d’assouplissement permettent d’y remédier.
Pourquoi les manuels proposent-ils de s’asseoir en lotus complet ou, à défaut, en demi-lotus ? En fait, ces postures permettent de s’asseoir longuement sans effort ni tension. Le lotus, tout particulièrement, possède une tonicité telle que l’esprit se pose immédiatement. L'esprit est naturellement clair et limpide.
Ce qui ne veut pas dire que vous ne pourrez pas méditer si vous ne pouvez croiser les jambes, mais vous aurez plus de difficultés. Soyez doux avec votre corps, mais essayez des exercices d’assouplissement, vous verrez les changements.
Regardez cette petite vidéo tournée voici trois ans dans l'ancien centre zen d'Ichikawa près de Tôkyô. Nishijima rôshi a toujours fait le lotus, d’ailleurs il n’imagine pas faire autrement ni même que vous puissiez faire autrement ! Il dit : on pose le pied sur la cuisse, puis l’autre pied sur l’autre cuisse. Facile !
Mots-clés : méditation
Imprimer | Articlé publié par Eric le 11 Déc. 06 |
le 11/12/2006
je pratique toujours en demi lotus, mais je vais essayer le lotus grâce a cette vidéo bien instructive.
Merci
Marianne
ps: tout se perd non?le 11/12/2006
Mystère, effectivement, le manque de souplesse de l'occidental vient il de sa sédentarité croissante ou de son alimentation ou bien de son mode de vie stréssé? Il n'est pas évident d'apporter une réponse définitive avec autant de facteurs limitant. ceci dit, indépendemment du débat : "pourquoi sommes nous apparemment moins souple de nos jours", je pense que déjà l'occidental, de par ses habitudes posturales au quotidien, adopte moins souvent de positions assises (en tailleur semble même problématique pour beaucoups!). hélas, le manque d'étirements tout au long de la croissance détermine une structure ostéoarticulaire et tendineuse de base qui pourra n'évoluer et s'assouplir que dans une certaines limites.Concernant les genoux et leurs parties cartilagineuses , le ménisque notamment, ne peut évoluer et doit être surveillé si de nouvelles pressions posturales inhabituelles se font jour.Au niveau laxité, la partie capsulo-ligamentaire(poche de tendons, de tissus et de ligaments contenant également des liquides, assurant la jonction et la lubrification) étant constituée d'éléments conjonctifs(tissus ayants une relative souplesse) peut être améliorée (voir les gymnastes la varappe, les contorsionnistes) mais la mise en tension excessive de ces éléments peut développer à terme certains désordre traumatologiques.Des segments importants peuvent également renforcer les pressions articulaires (jambes musclées ou "bien en chaires").Concernant les segments osseux, la butée naturelle morphologique de certaines partie peut être un autre facteur limitant.Des exercices de souplesse (stretching etc..) peuvent bien sur faire gagner en souplesse au niveau musculaire et créer "la différence". Dans tout les cas, il est important selon moi d'être à l'écoute de ses sensations pour distinguer la douleur d'étirement passagère que l'on rencontre naturellement dans l'exercice de la méditation et la douleur aiguë qui lance de façon très importante et qui se prolonge longtemps après la mise sous tension. tout est affaire donc d'écoute et les progrès doivent être lents et mesurés. La hauteur du coussin sera aussi un facteur important. Peut-être que la bonne solution , si des difficultés se présentent, est d'alterné avec des positions moins dures et l'utilisation éventuelle d'un banc.
Dans tout les cas,( et c'est, à mon avis le plus important ici ) il faut être honnête avec soi et démasquer l'égo trop préssé déçu de ne pas avoir une vrai "position de bouddha". il n'empêche qu'effectivement le lotus et ses variantes restent les positions les meilleures pour la méditation (concentration, somnolence, stabilité etc..) . Tout ceci n'est qu'un témoignage et n'engage bien sur que moi et ma petite expérience de zazen.
Sinon Gudo Nishijima rôshi est tellement impressionnant par sa simplicité et sa souplesse (surtout d'esprit d'ailleur).
Bien amicalement à tous,
Wilfried
le 13/12/2006
Mmmmhhhh....question d'habitude je pense, aussi simple que cela. Cela fait des années que je pratique en demi-lotus et je m'y sens bien stable. Le lotus complet m'intrigue plus qu'autre chose et ce qui me fait sourire à chaque fois, c'est que je le visualise parfaitement mentalement mais une fois que je m'y applique comme ce fut le cas ce matin,...j'm'enmele les pinceaux de façon magistrale, ce qui bien sur à le don de me faire rire à chaque coup. Bah une journée sans rire est une journée de gaché.
Bien à vous!
Marianne