Le jeu de la mort - Réflexions
DIVERTIR, verbe transitif : 1/ S’éloigner du réel, se détourner de la vue de l'essentiel. Détourner l'attention ou l'activité de quelqu'un sur un autre objet, une nouvelle occupation. Divertir quelqu’un de son mal : lui adoucir le mal par des activités absorbantes ou agréables. 2/ Distraire, procurer un passe-temps agréable.
Évidemment, le documentaire de Christophe Nick ne peut laisser indifférent. Mais il provoque aussi un certain malaise. Insidieusement, le montage, les divers effets de dramaturgie, la voix-off de Philippe Torreton nous incitent à prendre à notre tour la posture du spectateur/voyeur qui attend de voir les réactions des cobayes de l’expérience, plongé entre le devoir de sadisme et le supplice intérieur. Mais jusqu’où iront-ils ?? Les participants sont bien des cobayes qui tenteront ensuite de se justifier ou d’expliquer leurs comportements pour retrouver une humanité bien mise à l’épreuve. Le jeu de la mort (quel titre !) est à sa manière une vraie émission de télé-réalité et il n’est pas sûr qu’utiliser les moyens de la télé-réalité pour la dénoncer soit le plus pertinent.
Plus de 80 % des cobayes seront donc prêts à infliger une souffrance extrême en se soumettant au pouvoir de la télévision. Mais le documentaire ne souligne pas assez l’importance du cadre. Non seulement ces personnes acceptent les règles du jeu qu’on leur propose mais tous sont venus de leur plein gré sans trop savoir ce qu’il se passerait. A priori, leur participation est conditionnée par les bénéfices supposés : l’expérience sera intéressante, ludique, gratifiante, etc. Le processus de soumission est enclenché bien avant qu’elles n’arrivent sur le plateau, du simple fait d’accepter de participer à un jeu télévisuel. Malheureusement, le documentaire ne montre pas en amont le processus de sélection téléphonique, là où tout se joue.
Le cadre n’est autre que les structures mentales collectives que chaque individu intègre. Le divertissement est ancré dans le paysage mental et participer aujourd’hui à une émission de divertissement paraît une activité comme une autre. Mais le divertissement, tel qu’il est socialement organisé, notamment par le biais de la télévision, ne remplit qu’un effet de diversion sociale. Il ne donne ni la joie ni le plaisir que chacun attendrait de sa vie. Pourquoi un Français passe-t-il, chaque jour, trois heures et douze minutes devant une télévision ? On pourrait penser que chacun puisse dans ces moments de liberté explorer sa liberté, nous pourrions passer trois heures douze minutes supplémentaires à aimer, à créer, à parler, à imaginer, mais nous ne le pouvons plus, nous ne le savons plus. Nous sommes trop fatigués. Nous sommes trop seuls. Le divertissement remplit une fonction à la fois sociale et existentielle. Il sert à supporter l’insupportable. Il sert à masquer les processus de démembrement de l’être humain. Alors, pour faire bonne figure, on nous montre quelqu’un d’autre se faire démembrer : Mickael Vendetta pleure encore dans la Ferme Célébrités ! Car si c’est lui, heureusement, ce n’est pas encore moi. Mais Mickael Vendetta n’est que le miroir de nous-mêmes. Il pleure parce que chacun d’entre nous pleure déjà.
La question aujourd’hui est : comment pourrions-nous redonner de la joie à Mickael Vendetta ? Autrement dit, pouvons-nous inventer individuellement et collectivement la vie ?
Évidemment, le documentaire de Christophe Nick ne peut laisser indifférent. Mais il provoque aussi un certain malaise. Insidieusement, le montage, les divers effets de dramaturgie, la voix-off de Philippe Torreton nous incitent à prendre à notre tour la posture du spectateur/voyeur qui attend de voir les réactions des cobayes de l’expérience, plongé entre le devoir de sadisme et le supplice intérieur. Mais jusqu’où iront-ils ?? Les participants sont bien des cobayes qui tenteront ensuite de se justifier ou d’expliquer leurs comportements pour retrouver une humanité bien mise à l’épreuve. Le jeu de la mort (quel titre !) est à sa manière une vraie émission de télé-réalité et il n’est pas sûr qu’utiliser les moyens de la télé-réalité pour la dénoncer soit le plus pertinent.
Plus de 80 % des cobayes seront donc prêts à infliger une souffrance extrême en se soumettant au pouvoir de la télévision. Mais le documentaire ne souligne pas assez l’importance du cadre. Non seulement ces personnes acceptent les règles du jeu qu’on leur propose mais tous sont venus de leur plein gré sans trop savoir ce qu’il se passerait. A priori, leur participation est conditionnée par les bénéfices supposés : l’expérience sera intéressante, ludique, gratifiante, etc. Le processus de soumission est enclenché bien avant qu’elles n’arrivent sur le plateau, du simple fait d’accepter de participer à un jeu télévisuel. Malheureusement, le documentaire ne montre pas en amont le processus de sélection téléphonique, là où tout se joue.
Le cadre n’est autre que les structures mentales collectives que chaque individu intègre. Le divertissement est ancré dans le paysage mental et participer aujourd’hui à une émission de divertissement paraît une activité comme une autre. Mais le divertissement, tel qu’il est socialement organisé, notamment par le biais de la télévision, ne remplit qu’un effet de diversion sociale. Il ne donne ni la joie ni le plaisir que chacun attendrait de sa vie. Pourquoi un Français passe-t-il, chaque jour, trois heures et douze minutes devant une télévision ? On pourrait penser que chacun puisse dans ces moments de liberté explorer sa liberté, nous pourrions passer trois heures douze minutes supplémentaires à aimer, à créer, à parler, à imaginer, mais nous ne le pouvons plus, nous ne le savons plus. Nous sommes trop fatigués. Nous sommes trop seuls. Le divertissement remplit une fonction à la fois sociale et existentielle. Il sert à supporter l’insupportable. Il sert à masquer les processus de démembrement de l’être humain. Alors, pour faire bonne figure, on nous montre quelqu’un d’autre se faire démembrer : Mickael Vendetta pleure encore dans la Ferme Célébrités ! Car si c’est lui, heureusement, ce n’est pas encore moi. Mais Mickael Vendetta n’est que le miroir de nous-mêmes. Il pleure parce que chacun d’entre nous pleure déjà.
La question aujourd’hui est : comment pourrions-nous redonner de la joie à Mickael Vendetta ? Autrement dit, pouvons-nous inventer individuellement et collectivement la vie ?
Mots-clés : films
Imprimer | Articlé publié par Jiun Éric Rommeluère le 20 Mars 10 |