Le libéralisme économique considère que les individus sont nécessairement des agents rationnels  et autonomes. Il méconnaît les enfants, les incapables et, il y a encore peu, les femmes (longtemps écartées pour leur incapacité naturelle). Le faible et le démuni dérangent le concept de l’agent rationnel et autonome. S’ils ne sont pas simplement ignorés, ceux-là suscitent pitié ou méfiance. Ceux qui méritent notre pitié nous assurent du bien fondé de notre supériorité. Pour les plus farouches des néolibéraux, le chômage et la pauvreté reposeraient, non sur les effets du système, mais sur l’incapacité ou le choix des individus de ne pas s’y conformer. Le chômeur est toujours quelque peu suspect. Ne chercherait-il à profiter, plutôt qu’à contribuer, au grand œuvre de la croissance et de la richesse ? Serait-il même « juste » de lui faire profiter des acquis sociaux ? 

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