Le Bouddha était grand car les hommes étaient grands
Je lis Crooked Cucumber, la très belle biographie de Shunryû Suzuki écrite par David Chadwick. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Shunryû Suzuki (1904-1971) est un moine de l’école zen sôtô qui s’installa aux États-Unis au début des années soixante. Sa force et sa simplicité touchèrent un grand nombre d’Américains qui pratiquèrent sous sa direction. L’écriture de David Chadwick, qui fut son disciple, est humble et resplendit d’amour pour le maître. La biographie est entrecoupée de citations de Shunryû. Je suis transpercé par celle-ci :
Buddha was great because people were great. When people are not ready, there will be no Buddha. I don’t expect everyone of you to be a great teacher, but we must have eyes to see what is good and that which is not so good. This kind of mind will be acquired by practice. ("Le Bouddha était grand car les hommes étaient grands. Lorsque les hommes ne sont pas prêts, il n’y a pas de Bouddha. Je n’attends pas de chacun d’entre vous que vous soyez un grand enseignant, mais nous devons avoir un œil qui voit ce qui est bon et ce qui n’est pas si bon. Cette sorte d’esprit s’obtient par la pratique.", p. 209)
Je suis ému car, en trois lignes seulement, Shunryû dit toute la vérité du zen. Au fond, cette pratique nous enseigne seulement ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. Une telle justesse ne s’exprime jamais par des règles que l’on pourrait mémoriser. Mais lorsque l’homme est grand, il sait exactement ce qui juste ou non.
Le rôle d’un enseignant zen n’est-il pas d’ouvrir à la grandeur et, sans relâche, de permettre aux hommes et aux femmes de l’approfondir ? Depuis neuf ans maintenant, j’enseigne le zen dans notre communauté Un Zen Occidental, mais la grandeur n’est pas toujours vue, entendue et comprise comme elle le devrait. Souvent, effectivement, les hommes ne sont pas prêts.
Ce samedi 26 janvier, nous avons une journée de méditation à Paris au Centre Assise près de Beaubourg. Le matin, je parlerai des quatre stades de la grandeur telle qu’on l’explique dans la tradition zen : douter de la grandeur (jap. daigi), réaliser la grandeur (jap. daigo), utiliser la grandeur (jap. daiyû) et accomplir la grandeur (jap. daitetsu). En fin d’après-midi, j’exposerai de nouveaux changements dans le fonctionnement de notre communauté qui n’ont pour but que de mieux faire entendre cette grandeur. Ces changements marqueront une nouvelle étape dans la vie de notre groupe. J’ai donc demandé à tous ses membres d’être présents. J’ai également demandé à d'autres personnes de venir pour l’occasion. Fabrice Midal, enseignant bouddhiste, se joindra à nous. Toute personne extérieure peut également librement se joindre à cette assemblée. Si vous êtes intéressé(e), il vous suffit de m’écrire, je vous donnerai l’adresse exacte et le code de l’immeuble.
Les mains jointes.
Photographie : Shunryû Suzuki (1968, DR).
Buddha was great because people were great. When people are not ready, there will be no Buddha. I don’t expect everyone of you to be a great teacher, but we must have eyes to see what is good and that which is not so good. This kind of mind will be acquired by practice. ("Le Bouddha était grand car les hommes étaient grands. Lorsque les hommes ne sont pas prêts, il n’y a pas de Bouddha. Je n’attends pas de chacun d’entre vous que vous soyez un grand enseignant, mais nous devons avoir un œil qui voit ce qui est bon et ce qui n’est pas si bon. Cette sorte d’esprit s’obtient par la pratique.", p. 209)
Je suis ému car, en trois lignes seulement, Shunryû dit toute la vérité du zen. Au fond, cette pratique nous enseigne seulement ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. Une telle justesse ne s’exprime jamais par des règles que l’on pourrait mémoriser. Mais lorsque l’homme est grand, il sait exactement ce qui juste ou non.
Le rôle d’un enseignant zen n’est-il pas d’ouvrir à la grandeur et, sans relâche, de permettre aux hommes et aux femmes de l’approfondir ? Depuis neuf ans maintenant, j’enseigne le zen dans notre communauté Un Zen Occidental, mais la grandeur n’est pas toujours vue, entendue et comprise comme elle le devrait. Souvent, effectivement, les hommes ne sont pas prêts.
Ce samedi 26 janvier, nous avons une journée de méditation à Paris au Centre Assise près de Beaubourg. Le matin, je parlerai des quatre stades de la grandeur telle qu’on l’explique dans la tradition zen : douter de la grandeur (jap. daigi), réaliser la grandeur (jap. daigo), utiliser la grandeur (jap. daiyû) et accomplir la grandeur (jap. daitetsu). En fin d’après-midi, j’exposerai de nouveaux changements dans le fonctionnement de notre communauté qui n’ont pour but que de mieux faire entendre cette grandeur. Ces changements marqueront une nouvelle étape dans la vie de notre groupe. J’ai donc demandé à tous ses membres d’être présents. J’ai également demandé à d'autres personnes de venir pour l’occasion. Fabrice Midal, enseignant bouddhiste, se joindra à nous. Toute personne extérieure peut également librement se joindre à cette assemblée. Si vous êtes intéressé(e), il vous suffit de m’écrire, je vous donnerai l’adresse exacte et le code de l’immeuble.
Les mains jointes.
Photographie : Shunryû Suzuki (1968, DR).
Mots-clés : Shunryû Suzuki
Imprimer | Articlé publié par Éric Rommeluère le 22 Jan. 08 |
le 24/01/2008
Cette réflexion sur les deux Koâns s’inscrit très clairement dans le cadre des changements insufflés dans le programme des soirées de méditation en semaine dans le groupe de Paris.
J’ai constaté, avec d’autres, et Éric nous en a fait part de manière touchante, que des « têtes » semblaient disparaître, depuis ces changements.
En tant que psychologue, je suis habitué à vérifier que le changement génère souvent des résistances : nous parlons de résistance au changement.
La question est : pourquoi résistons-nous lorsque nos conditions changent, par imposition « extérieure » ? posée d’une autre manière, cette question peut devenir : qu’est-ce qui, en nous, résiste, quand on nous « impose » un changement.
Débattre ici sur cette question serait trop théorique et ennuyeux, aussi, je propose cette « lettre ouverte » qui me sert d’abord de miroir réfléchissant mes propres difficultés et réactions. Si cette réflexion peut-être en plus utile à d’autres, alors, la communiquer n’aura pas été stérile.
Me voici assis, prétendument en Zazen...
Je ne sais plus qu’elle est l’heure exacte. Je suis assis depuis un « sacré » bout de temps déjà. Mon mental passe d’un film à un autre dont je suis toujours le héros. Je le constate de temps à autre et reviens à la respiration, en tentant de ne pas m’insulter : « tu ne fais que penser, ta méditation est ridicule, tu es nul.. ».
Parfois, à cheval sur mon souffle, il se produit quelque chose et, dès que JE le constate, ça disparaît. Mais la plupart du temps, alors que j’essaie d’être en équilibre sur mon souffle, des pensées « ninja », dans l’ombre, viennent me dérober à moi-même et je me retrouve à nouveau le héros d’un film dénué de cohérence et gavé d’émotions.
Pourquoi donc est-ce que je pratique la méditation ?
Chacun est là où il en est... Pour ma part, il me faut être franc, ce qui m’a amené à la méditation est un ras-le-bol existentiel béant, l’envie de me libérer de ma propre souffrance, comme si je reprenais à mon compte trop de ruptures subies : comme ces quelques femmes que j’ai profondément aimé et qui m’ont abandonné un jour, que je saches ou non pourquoi ; comme « mon » fils, s’affirmant en me plongeant dans une inquiétude me criant : « ne cherche pas à me contrôler, je t’aime mais je ne suis pas à toi ! » ; comme ma « petite mamie » et mon père quittant cette existence alors que mon coeur s’efforçait de croire qu’ils seraient toujours là pour moi...
Alors j’en ai eu marre, vraiment marre, me demandant définitivement ce que je foutais là, quel en était le sens et ne trouvant plus aucune réponse satisfaisante, capable de relancer les ressorts de l’espoir.
Alors je me suis assis, d’abord au sein des pratiques tibétaines, séduit par l’art du bonheur proposé par SS Le Dalaï-Lama, séduit par cette félicité tant vantée par le marketing Dharmique... Il faut « promouvoir » le Bouddh(isme), dit-on, et si on lit entre les lignes, quelle « promesse » tient-on d’abord aux occidentaux ? Une promesse de bonheur ; ils en rêvent tellement !
Je suis donc allé méditer, en quête de Joie et de Contentement. Les ressorts de l’espoir venaient enfin de se refaire une santé !!!
Mais l’assise les a vite usés à nouveau : flûte alors, je ne pars pas en corps d’arc-en-ciel, je ne vois pas de nuées de Boudhas et de Dâkinis, je ne me décorpore pas, ne traverse pas la matière ; il ne se passe rien de magique que je puisse attraper et garder avec moi. J’ai mal, j’ai peur, je m’ennuie, je pense ou je dors, c’est quand que le bol va enfin sonner ?!!! Et quand je parle de ce bouddhisme si merveilleux à mes amis, ils me répondent : « Oui, mais... », « reviens-les pieds sur terre », « ne fuis pas la réalité », « tu vois ça ne sert à rien, tu t’es encore énervé »...
Mais je sais que c’est bon pour moi, que si j’arrête, au bout d’un temps, tout va encore plus mal.
« Tu sais Néo, si je pouvais revenir en arrière, je prendrais la pilule bleue (...), je sais que ce steak est une illusion, mais je sens sa chair et sa saveur juteuses (...) ré)insérez-moi dans la matrice, je voudrais être un acteur, quelqu’un de célèbre. Et je veux ne me rappeler de rien... ».
J’ai « abandonné » les pratiques tibétaines, me sentant étouffé et déconnecté par trop de rituels, trop de mantras, trop de visualisations et de prières, insuffisamment de silence et d’immobilité. Résistance ?
Mais voilà, too late, j’ai pris la pilule rouge, que j’aie le coeur ou non au Dharma, fuir mon coussin devient un acte assassin, envers moi, et envers les autres.
Alors je suis venu au Zen, me disant : « je vais enfin pouvoir m’asseoir » ! immobilité et silence... au moins extérieurs.
A peine arrivé avec vous, dans le groupe Un Zen Occidental (UZO), je me « niche » dans les règles, je pactise avec : « une demie heure de zazen... 10 minutes de marche consciente... Une demie heure de Zazen... encore 10 minutes de Kinhin », cool ! Et en plus, va falloir que j’apprenne à devenir un vrai bodhisattva. Le « bouddhisme » tibétain m’avait presque dégoûté de cette idée, tant je trouvais ce chemin rude et difficile.
Mais au fond, la question n’est même pas encore celle de la compassion, de l’esprit d’Éveil, de la Bodhicitta, qui suis-je, pauvre de moi, pour aider les autres ? J’ai déjà tant de mal à réaliser que ma mère souffre, que mes employeurs souffrent quand ils me mettent sous pression ou m’engueulent injustement, que le président de mon pays souffre quand ils nous laisse des jours durant face à sa vie sentimentale et son impuissance à augmenter le pouvoir d’achat... Je préfère me dire : « bon, ils m’énervent, il faut absolument que je m’asseois pour calmer mon esprit ». Et puis j’ai déjà tant de mal à ne plus manger de viande...
Et d’un coup, à peine entré dans le nouvel environnement de l’UZO, les règles changent. Offre spéciale 2008 : Zazen - 40 minutes / 33% de Zazen en plus pour le même prix ! « Et pourquoi ça ? Et pourquoi ne me demande-t-on pas mon avis ? Ici en Occident, on est censé nous demander notre avis avant de prendre une décision, non ? Le Zen occidental ne devrait-il pas être un Zen démocratique ? », "méditer plus pour gagner plus ?"...
On m’en offre plus pour le même prix et je me rebellerais ? Serais-je ingrat ?
Franchement non ! Je suis en fait ravi par ce choix. J’essaie de me rappeler chaque jour pourquoi je médite, ce qui se produit quand je m’asseois, ce qui se produit quand je ne le fais pas. Je sais maintenant, pour ce qui me concerne, que je devrais m’abandonner plus, m’asseoir plus, m’oublier plus, m’ouvrir plus. Je sais que si je mets dans la balance le temps que je passe dans mes errances névrotiques et celui que je passe à lâcher prise alors, ce temps est comme une goutte d’eau dans l’océan. Je sais que j’aurais beaucoup de mal à pratiquer plus, si on ne m’y aide pas.
Je n’ai pas besoin de coups, j’en ai assez pris et assez donné. J’ai juste besoin d’aide et de douceur. Mais paradoxalement, parfois, je ressens cette aide et cette douceur comme une violence : parce que « je » résiste.
Car je sais que j’ai peur du vide et que tant qu’il restera un seul interstice de moi-même s’élevant du vide et auquel je m’attacherai, il n’y aura qu’un chemin étroit et insaisissable, mais pas de véritable accomplissement. Je n’aurais fait que mettre les enseignements au service de mes petites affaires. « Ma petite entreprise, connaît pas la crise ; l’amour s’importe, s’exporte... ».
Alors cette décision me comble de joie même si ailleurs elle me fait un peu mal. Je sais qu’elle est bonne, je vais au devant et m’assoie encore plus.
Avant-hier, comme à l’habitude, je vais m’asseoir sur mon Zafu, chez moi. J’allume un encens, je mets mon beau kimono noir, faut bien s’inspirer, genre... et je programme mon réveil pour 45 minutes, histoire de ne pas être tenté de regarder l’heure à tout bout de champ.
Je reste ainsi, reste ainsi, reste ainsi, attendant tout de même plus ou moins consciemment que la « torture » cesse... Tiens !? Ca ne sonne pas... Je reste... Ca fait quand même un moment que je suis là... je reste... j’ai du me tromper dans la programmation du réveil... et si je l’avais mis à 9 h 02 au lieu de 8 h 02 ?... Je reste... Ok, j’ai du le mettre une heure de plus, alors tant pis, ça m’apprendra, j’attends que ça sonne... je reste... et si ça ne sonnait pas ? Et si je l’avais mal programmé ? Combien de temps vais-je rester comme ça ?... Je reste et, c’est finalement plus fort que moi, je me surprends à voir mon regard se détourner vivement vers le réveil. Et à ce moment-là, il se met à sonner. Me voilà pris dans mon propre piège ; je l’avais très bien programmé. J’éclate de rire, tout seul. Oui, pourquoi je médite ? C’est quoi ce cadre qui me « rassure-temps » ?
« Ce qui me rend très triste – disait un Maître tibétain, lors d’un enseignement à Paris, c’est que je vois bien que c’est votre ego qui vous envoie ici. Il vous dit : « ça te plaît, alors va voir ton Maître. C’est vrai, c’est intéressant ce qu’il raconte. Allez, vas-y, je vais même t’accompagner. Mais quand on va rentrer à la maison (le Maître se frotte les mains en affectant un air pervers), je vais m’occuper de toi !!! Je vais remettre de l’ordre ! Tu peux compter sur moi ».
Au cours d’un autre enseignement, il confiait : « C’est curieux, parfois, en vous regardant, j’ai l’impression d’être à mi-chemin entre une cour de récréation et un hôpital psychiatrique (il prend un air triste et se frotte le menton) », « vous venez ici pour prendre quelque chose, mais il n’y a rien à prendre. La bonne question que vous devez vous poser c’est : qu’est-ce que je dois abandonner ? Mon rôle, c’est de vous pousser dans le vide. Vous êtes au bord du précipice, il y a quelque chose en vous qui vous y a conduit mais vous avez peur ; alors je voudrais vous aider et je vous pousse. Mais vous résistez tellement que vous devenez comme des culbutos, je vous pousse mais, chaque fois, vous revenez en arrière. Vous êtes comme des chiens, rrr rrr (il mime un chien qui renifle en remuant ses mains qui cherchent à attraper quelque chose tout autour de soi), vous regardez partout et vous voulez tout saisir, mais il n’y a rien à saisir... ».
Je me rappellerai toute ma vie ces enseignements car chaque fois j’étais « mort de rire », avec toute l’assemblée. Et quand il avait fini, je m’étais suis surpris à rire, et j’avais eu peur. J’avais cru qu’il ne s’adressait qu’aux autres...
Alors, sachant que nombre d’adhérents de UZO ressentent mal cette décision que vient de prendre Éric, je ressens de la peine pour lui. Et je le comprends, même si en moi, il y aussi quelque chose qui résiste. Jusqu’à quel point lui donnerais-je la possibilité de me prendre à rebrousse-poils ? Jusqu’à quel point lui permettrais-je de me signifier que je feins de pratiquer ? Suis-je prêt ou non à recevoir de si paisibles coups de Kyosaku que 10 minutes de plus et des enseignements précis ?
Et si en fait je ne m’asseyais que pour me faire plaisir, pour me dire : « ah oui, je suis quelqu’un de bien, je pratique le Zen, je suis plus intelligent que les autres » ?
Alors j’ai de la peine car j’ai besoin d’un guide, de quelqu’un qui me pousse, qui m’oriente, qui me permette d’affermir ma discipline. C’est ce dont j’ai besoin même si je me sens un peu écartelé et que j’ai un frein, un « refusant » à l’intérieur, qui ne veut pas. Si personne ne m’aide, où irais-je vraiment ?
Je voulais partager mon ressenti avec vous car je sais que si j’étais un enseignant spirituel, je me sentirais parfois bien seul et bien triste, de fournir tant de présence et d’énergie, juste pour animer un club de loisirs. Je me dirais que la cotisation du Gymnase Club est bien plus élevée et que je devrais peut-être mettre plus d’encens et de bouddhas et augmenter le montant de l’adhésion. Et si je remplaçais ces 10 minutes de Zazen par des chants de Mantras, peut-être gagnerais-je des parts de marché ?! On pourrait même faire un disque et le vendre au rayon « new age » des disquaires !
Mais je ne pourrais pas faire ainsi car je ne serais pas là pour ça. Je me dirais tristement : « s’ils savaient, ils se détendraient et viendraient avec plus d’enthousiasme pratiquer la voie avec moi ; s’ils savaient... ».
Mais je ne suis pas un Maître. Je ne peux donc qu’observer comment sa décision résonne en moi. Sur ce plan, je ne suis pas différent du Maître car il résonne avec mon « Maître intérieur ». Et mon Maître intérieur, « juste » reflet, gifle mon orgueil et ma paresse. Je sais qu’il a raison, que je suis venu pour ça et que mon refus serait une trahison de ce qui m’appelle de l’intérieur pour mettre un terme à ma confusion.
Alors, j’ai envie de rebondir sur ce message et m’appeler moi-même, ainsi que toutes et tous qui sont peut-être tentés, à cause de 10 minutes de plus, ou à cause d’une heure passée par semaine à recevoir un enseignement, de renoncer au Zen, d’aller voir ailleurs pour retrouver un cadre perdu, ou d’esquiver 40 mn, parce que ça fait mal, parce que c’est trop long, parce que le soir on est fatigué,
A moi-même et à tous, j’ai envie de dire : « mais dans quelle direction irais-tu que tu ne connaisse déjà ? ». J’ai envie de dire : « Tu sais bien où tu as mis les pieds en venant t’asseoir sur un coussin, alors ne fuis pas ; de toutes façon, un jour ou l’autre, ici ou ailleurs, tu y reviendra, alors, tant que tu y es, reste-donc et laisse tomber tes doutes, tes peur ou ta lassitude ». Et si je renonçais définitivement à cette voie, après l’avoir si joliment amorcée, alors, en même temps qu’Éric et bien d’autres, je me sentirais plus seul et plus triste.
Alors, j'ai même envie de faire la requête suivante : "Et si la cession de jeudi commençait par 45 mn de Zazen ?". Au fond, cela ne ferait qu'un quart d'heure de plus consacré à la Voie : une goutte dans l'océan certes, mais un fleuve de vertu.
Le mieux est de venir et de partager ensemble cet effort, me semble-t-il. Et comme le dit souvent Éric : "Venez, venez, venez, venez... Venez".
A bientôt.
Jean-Jacques Zimermann
le 24/01/2008
Coincidence, je lisais ces jours derniers le commentaire du Sandokai de Shunryu Suzuki, intitulé en français "La source brille dans la lumière". Or, est-ce la tonalité plutôt grave du blog ces dernières semaines et l'impression que de nouvelles propositions créent quelque tirage dans le groupe, toujours est-il que pensant à la démarche d'Eric, j'avais souligné cette très simple fin de paragraphe:
" ...vous devez trouver un moyen de protéger les légumes sans vous en prendre aux perce-oreilles. Mais ne perdez pas trop de temps, car votre pratique en souffrirait. De toutes façons, vous devez continuer de trouver sans cesse de bonnes idées." Voilà, et cela me fait (doucement) sourire.
A samedi ou à bientôt.
Marc Casanova