La voie de l’Éclat ou vajrayâna (le vajra est le diamant-foudre, l’arme d’Indra dans la mythologie hindoue) peut paraître le rameau le plus inattendu voire le plus excessif des bouddhismes. Cette voie se montre en effet comme une subversion du dharma, mais en le subvertissant de part en part, elle en dévoile la signification la plus authentique. Voie sacrée et initiatique, le vajrayâna emprunte des formes et des principes à un fond primitif indien. La confusion et toutes les forces obscures de l’existence y sont intégrées comme des matériaux. Quelles que soient leur rugosité ou leur vilénie, le diamant-foudre les transperce de son éclat adamantin.

Le dharma plonge ses racines dans l’exercice de la bienveillance. Des traités de cette voie recommandent pourtant d’inverser les comportements, il conviendrait de tuer, de mentir, de voler et de s’abîmer dans la luxure et l’alcool. S’agit-il de véritables instructions où la folie doit s’emparer de l’adepte ? Selon l’herméneutique propre au vajrayâna, ces recommandations ne peuvent être prises dans leur littéralité. Plusieurs niveaux de lectures sont dissociés et élucidés qui sont autant d’indications pratiques sur le chemin de la transformation intérieure. Transmises de maître à disciple, ces explications exposent le plus souvent des pratiques secrètes de méditation. Mais le simple fait de renverser les règles les plus fondamentales des voies spirituelles, ne fusse qu’en paroles, ébranle les certitudes les plus assurées. Non, le dharma ne mène pas les égarés à la sainteté. Il vainc et l’égarement et le perfectionnement.




Samantabhadra uni à sa parèdre (cliquez sur l'image).

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