Le dharma est un mot que l’on pourrait rendre par une vague formule comme la pédagogie du Bouddha (l’Éveillé en sanskrit). On pourrait tout aussi bien renoncer à le traduire pour en souligner l’altérité. Le bouddhisme n’est ni une doctrine, ni un système de croyances, ni une conception du monde à la manière des religions monothéistes. Cette pédagogie interroge inlassablement notre besoin de sens et en quoi ce besoin masque une angoisse existentielle. Tout être humain pressent que son être est une béance ouverte sur un néant intérieur. Il se sait non seulement promis à la mort, mais il devine qu’il n’éprouverait qu’insignifiance et absurdité à contempler sans détours son insécurité. Les doctrines, les croyances, en maillant la réalité de significations, permettent de juguler cette angoisse, mais n’en délivrent pas. Le dharma n’est donc pas un nouveau ou un autre système de pensée. Il se donne à vivre comme une épreuve de l’angoisse existentielle, faisant le pari que chacun peut s’en affranchir dans la joie, l’amour et la générosité partagés. Sans doute faudrait-il un jour congédier définitivement ce terme de bouddhisme qui obscurcit plus qu’il ne libère sa dimension résolument a-doctrinale.

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