À l'invitation de l'Institut d'Études Bouddhiques, j'ai donné une conférence le 20 juin 2015
 intitulée "La méditation laïque, phénomène de société". Les réflexions développées dans cette intervention s'inspirent de la postface de mon prochain livre, S'asseoir tout simplement. L'art de la méditation zen, à paraître le 24 septembre prochain aux Éditions du Seuil. Vous pouvez voir l'intégralité de la conférence dans la vidéo ci-dessous. Attention, elle dure trois heures!

Vous pouvez aussi écouter le fichier audio .

ou le télécharger à l'adresse :
http://www.bouddhismes.net/sites/default/files/audios/2015-06-20_conference-Rommeluere.mp3

Vous trouverez un premier compte rendu sur le site Vents & jardins.

N'hésitez pas à m'envoyer vos questions et/ou vos remarques.




L'argumentaire :

La méditation de pleine conscience, parfois qualifiée de méditation laïque, connaît un formidable essor depuis quelques années. Il s’agit d’une pratique de santé ou de mieux-être, dont les techniques sont inspirées du dharma (l’enseignement du Bouddha), mais qui s’en détache résolument. L’engouement qu’elle suscite est si puissant qu’il peut corriger les discours et les pratiques des instructeurs bouddhistes qui parlent désormais de méditation comme s’il s’agissait de cette seule pratique de pleine conscience. Il s’agit d’un véritable phénomène de société. La pleine conscience est légitimée par des médecins qui font figure d’autorités sociales, elle est relayée par des prescripteurs sociaux, les médias qui en vantent les bienfaits, elle est intégrée par l’entreprise. Une question surgit inévitablement : cette nouvelle forme de méditation remplit-elle une fonction sociale ?


La pleine conscience est à l’origine un outil développé et utilisé dans le cadre de programmes paramédicaux par un médecin américain, étudiant du dharma, Jon Kabat-Zinn. Ces protocoles codifiés répondaient implicitement aux normes modernes de la rationalité. Efficaces au moindre coût, ils devaient pouvoir s’appliquer à tous. Du programme au produit, il n’y a qu’un pas. Il a été franchi au début des années 2000, tout d’abord aux États-Unis. 
La méditation est désormais vendue comme un produit de consommation courant. Livres et CD inondent le marché. Formatée, elle est nécessairement simple, immédiate, compatible avec toutes les formes du désir, neutre d’un point de vue philosophique ou idéologique. Les programmes, repris tels quels, adaptés, revisités sont désormais proposés aux cadres d’entreprise, aux employés et à tout à chacun.

Depuis peu, cette marchandisation de la méditation suscite des interrogations légitimes à la fois des instructeurs de pleine conscience formés par Kabat-Zinn et ses collaborateurs dans le champ de la prise en charge thérapeutique, soucieux de déontologie, mais également des pratiquants du dharma. Nombre de ceux qui se réjouissaient hier de l’adoption de cet outil sont désormais perplexes devant une industrie qui a pour ainsi dire confisqué le mot de méditation.










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