La fin du dharma
Les mots du Zen :
Mappô 末法, la fin du dharma ; lit. le dharma final.
Masse 末世, la fin du temps ; lit. l'époque finale.
Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle n’ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde… L’un meurt le matin, l’autre naît le soir, ainsi qu’il est coutume de l’écume sur l’eau. Et l’on se sait, de ceux qui naissent et qui meurent, d’où ils viennent, où ils s’en vont. Non plus que l’on ne sait, de ces précaires abris, pour qui à grand peine ils furent construits, pourquoi ils ont réjoui les yeux. Cette façon qu’ont maître et demeures de rivaliser en impermanence, voilà qui, si j’ose dire, est goutte de rosée sur belle-du-matin. Tantôt la rosée choit et la fleur survit. Elle a survécu certes, mais au soleil du matin s’est dissipée. Tantôt la fleur flétrit et la rosée encore ne s’évanouit. Elle ne s’est évanouie certes, mais de mémoire d’homme, elle n’a atteint le soir.
(Premières lignes du Hôjôki – Kamo no Chômei, Les notes de l’ermitage, traduction française René Sieffert, POF).
Pour bien comprendre le contexte religieux de l’époque de Dôgen, lisez le fameux Hôjôki (« Notes de l’ermitage de dix pieds carrés ») du poète Kamo no Chômei (version anglaise en ligne). Tous les Japonais connaissent le passage inaugural de ce chef-d’œuvre de la littérature japonaise. Le texte, rédigé l’an 1212, est imprégné des sentiments d’impermanence, de déréliction et de fin du monde qui prévalaient à l’époque. Chômei (1153-1216), un petit aristocrate poète de cour, avait, au mitan de sa vie, prit les vœux bouddhistes et s’était retiré dans un petit ermitage sur le Mont Hino non loin de Kyôto. La première partie du Hôjôki est une longue description poignante et douloureuse des calamités de toutes sortes qui s’abattirent sur la ville impériale à la fin des années 1170 et au début des années 1180 : incendies, famines, tremblement de terre ; la seconde, sa vie dans son ermitage dans la dévotion au bouddha Amida.
Une reconstitution de la hutte de dix pieds carrés de Kamo no Chômei.
Mappô 末法, la fin du dharma ; lit. le dharma final.
Masse 末世, la fin du temps ; lit. l'époque finale.
Le cours de la rivière qui va jamais ne tarit, et pourtant ce n’est jamais la même eau. L’écume qui flotte sur les eaux dormantes tantôt se dissout, tantôt se reforme, et il n’est d’exemple que longtemps elle n’ait duré. Pareillement advient-il des hommes et des demeures qui sont en ce monde… L’un meurt le matin, l’autre naît le soir, ainsi qu’il est coutume de l’écume sur l’eau. Et l’on se sait, de ceux qui naissent et qui meurent, d’où ils viennent, où ils s’en vont. Non plus que l’on ne sait, de ces précaires abris, pour qui à grand peine ils furent construits, pourquoi ils ont réjoui les yeux. Cette façon qu’ont maître et demeures de rivaliser en impermanence, voilà qui, si j’ose dire, est goutte de rosée sur belle-du-matin. Tantôt la rosée choit et la fleur survit. Elle a survécu certes, mais au soleil du matin s’est dissipée. Tantôt la fleur flétrit et la rosée encore ne s’évanouit. Elle ne s’est évanouie certes, mais de mémoire d’homme, elle n’a atteint le soir.
(Premières lignes du Hôjôki – Kamo no Chômei, Les notes de l’ermitage, traduction française René Sieffert, POF).
Pour bien comprendre le contexte religieux de l’époque de Dôgen, lisez le fameux Hôjôki (« Notes de l’ermitage de dix pieds carrés ») du poète Kamo no Chômei (version anglaise en ligne). Tous les Japonais connaissent le passage inaugural de ce chef-d’œuvre de la littérature japonaise. Le texte, rédigé l’an 1212, est imprégné des sentiments d’impermanence, de déréliction et de fin du monde qui prévalaient à l’époque. Chômei (1153-1216), un petit aristocrate poète de cour, avait, au mitan de sa vie, prit les vœux bouddhistes et s’était retiré dans un petit ermitage sur le Mont Hino non loin de Kyôto. La première partie du Hôjôki est une longue description poignante et douloureuse des calamités de toutes sortes qui s’abattirent sur la ville impériale à la fin des années 1170 et au début des années 1180 : incendies, famines, tremblement de terre ; la seconde, sa vie dans son ermitage dans la dévotion au bouddha Amida.
Une reconstitution de la hutte de dix pieds carrés de Kamo no Chômei.
Mots-clés : Kamo no Chômei
Imprimer | Articlé publié par Jiun Éric Rommeluère le 03 Fév. 10 |