L'amour est politique
Un texte inspirant reçu pour le nouvel an de Jean-Pierre Cavalié et Françoise Rocheteau. Françoise Rocheteau et Jean-Pierre Cavalié sont délégués régionaux de la Cimade en région PACA. Reproduit avec leur aimable autorisation.
Récemment, une amie m’a soutenu qu’une affiche invitant à l’amour et la paix entre les humains, n’avait pas sa place dans une manifestation, car elle n’était pas politique. Est-ce bien sûr ? Certes, l’amour est LA dimension intime par excellence, mais il n’aime pas être enfermé et il ouvre toutes les portes pour irriguer la vie. Il est comme le sel dans la soupe, le sucre dans le dessert.
Dans le domaine du droit, l’amour c’est la justice et la bienveillance ; en économie, c’est l’équité et le partage ; dans l’éducation, c’est la disponibilité ; au travail, c’est l’attention ; dans le domaine social, c’est la solidarité ; dans l’art, c’est l’esthétique ; dans la spiritualité, c’est l’harmonie…
Et la politique alors ? La seule qui mérite ce beau nom est celle qui est empreinte d’amour, celle qui consiste à servir et non se servir, celle qui fait des rêves et non de sombres calculs, celle qui espère plus qu’elle ne compte. Car la politique sans amour conduit irrémédiablement au chapelet des dominations qui encombrent l’histoire.
Une société aimante est l’antithèse de la société publicitaire et commerçante où tout se vend et tout s’achète, objets, nature, services, jusqu’aux fonctions les plus importantes… et même l’amour ; si ce n’est qu’en lui mettant un prix, on le prostitue ; on le tue, à l’instar des coquelicots que l’on cueille.
Aimer, c’est se reconnaître en l’autre et reconnaître l’autre en soi ; c’est désirer vivre ensemble et y trouver du plaisir. Comment ne serait-il pas la source de toute vie sociale ? Certes, l’amour est une gamme avec laquelle chacun-e compose ; d’une certaine manière, il façonne une société symphonique et harmonieuse. Car l’amour n’est pas une obligation, mais une liberté et peut-être à la base de toutes les libertés : « aime et fais ce que tu veux ! ». Il est le cœur d’une société libre.
Il est temps de cesser de « faire la politique » comme on « fait la guerre », mais avec d’autres armes. Il est temps de se mettre à « jouer de la politique » comme on joue d’un instrument. Il est temps d’ouvrir en grand les écoles de musique de la démocratie pour y apprendre à composer des sociétés, un monde, une planète pacifique. Les sceptiques répondront que la violence est propre à la condition humaine.
Eh bien non ! Une anthropologue* soutient, preuves archéologiques à l’appui, que les seules violences attestées chez les premiers humains, sont rituelles et non guerrières. Ces dernières sont apparues avec les surplus productifs et la possibilité d’accumuler. Des sociétés pacifiques, poursuit-elle, ont existé et existent encore aujourd’hui ; elles ont deux caractéristiques : Elles sont non-hiérarchisées ou horizontales, et elles privilégient les valeurs éthiques et spirituelles sur les valeurs matérielles.
L’état de nos sociétés et de la planète, telle que l’idéologie de la violence les a façonnées, n’incite-t-il pas à tenter aujourd’hui une voie pacifique en vivant entre égaux et simplement ? Il est vrai que cela demanderait une grande richesse intérieure, mais celle-là, nous l’avons tous ; elle est gratuite et se multiplie en se partageant. Alors … ?
Que l’année 2014 soit une année d’amour et de paix.
* Marylène Patou-Mathis, Préhistoire de la violence et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2013.
Récemment, une amie m’a soutenu qu’une affiche invitant à l’amour et la paix entre les humains, n’avait pas sa place dans une manifestation, car elle n’était pas politique. Est-ce bien sûr ? Certes, l’amour est LA dimension intime par excellence, mais il n’aime pas être enfermé et il ouvre toutes les portes pour irriguer la vie. Il est comme le sel dans la soupe, le sucre dans le dessert.
Dans le domaine du droit, l’amour c’est la justice et la bienveillance ; en économie, c’est l’équité et le partage ; dans l’éducation, c’est la disponibilité ; au travail, c’est l’attention ; dans le domaine social, c’est la solidarité ; dans l’art, c’est l’esthétique ; dans la spiritualité, c’est l’harmonie…
Et la politique alors ? La seule qui mérite ce beau nom est celle qui est empreinte d’amour, celle qui consiste à servir et non se servir, celle qui fait des rêves et non de sombres calculs, celle qui espère plus qu’elle ne compte. Car la politique sans amour conduit irrémédiablement au chapelet des dominations qui encombrent l’histoire.
Une société aimante est l’antithèse de la société publicitaire et commerçante où tout se vend et tout s’achète, objets, nature, services, jusqu’aux fonctions les plus importantes… et même l’amour ; si ce n’est qu’en lui mettant un prix, on le prostitue ; on le tue, à l’instar des coquelicots que l’on cueille.
Aimer, c’est se reconnaître en l’autre et reconnaître l’autre en soi ; c’est désirer vivre ensemble et y trouver du plaisir. Comment ne serait-il pas la source de toute vie sociale ? Certes, l’amour est une gamme avec laquelle chacun-e compose ; d’une certaine manière, il façonne une société symphonique et harmonieuse. Car l’amour n’est pas une obligation, mais une liberté et peut-être à la base de toutes les libertés : « aime et fais ce que tu veux ! ». Il est le cœur d’une société libre.
Il est temps de cesser de « faire la politique » comme on « fait la guerre », mais avec d’autres armes. Il est temps de se mettre à « jouer de la politique » comme on joue d’un instrument. Il est temps d’ouvrir en grand les écoles de musique de la démocratie pour y apprendre à composer des sociétés, un monde, une planète pacifique. Les sceptiques répondront que la violence est propre à la condition humaine.
Eh bien non ! Une anthropologue* soutient, preuves archéologiques à l’appui, que les seules violences attestées chez les premiers humains, sont rituelles et non guerrières. Ces dernières sont apparues avec les surplus productifs et la possibilité d’accumuler. Des sociétés pacifiques, poursuit-elle, ont existé et existent encore aujourd’hui ; elles ont deux caractéristiques : Elles sont non-hiérarchisées ou horizontales, et elles privilégient les valeurs éthiques et spirituelles sur les valeurs matérielles.
L’état de nos sociétés et de la planète, telle que l’idéologie de la violence les a façonnées, n’incite-t-il pas à tenter aujourd’hui une voie pacifique en vivant entre égaux et simplement ? Il est vrai que cela demanderait une grande richesse intérieure, mais celle-là, nous l’avons tous ; elle est gratuite et se multiplie en se partageant. Alors … ?
Que l’année 2014 soit une année d’amour et de paix.
* Marylène Patou-Mathis, Préhistoire de la violence et de la guerre, Paris, Odile Jacob, 2013.
Mots-clés : engagement, politique
Imprimer | Articlé publié par Jiun le 05 Jan. 14 |