Dans un groupe zen, le responsable de la méditation joue un rôle essentiel au côté de l’enseignant. Le terme japonais est jikidô, littéralement "le responsable (jiki) de la salle ()". Le premier arrivé, le dernier parti de la salle de méditation, il s’assure notamment que tout est en ordre. Les Américains traduisent parfois jikidô par time keeper. Sa tâche la plus audible consiste, en effet, à sonner d'un coup de cloche le début et la fin de la méditation. Pourtant, sa tâche est autrement plus importante que de simplement mesurer les trente ou quarante minutes que durent la méditation. Il œuvre au silence.



Une salle de méditation n’est pas tant un espace physique avec des règles de comportement qu’un espace d’ouverture, de non-jugement et de non-manipulation. Le jikidô est le gardien de cet espace où le silence se fait grand jusqu'à l'inouï. Ses gestes, ses attitudes doivent inviter au recueillement. Même sa façon, douce et délicate, de sonner la cloche est un appel à l’apaisement. Il témoigne lui-même de l’ouverture, du non-jugement et de la non-manipulation.

Le plus souvent, le jikidô ne fait rien d’autre que de sonner une cloche. Et pourtant il ne cesse d’œuvrer secrètement, minute après minute, à approfondir le silence. Il écoute et s’emplit du silence des uns et des autres. Parfois cependant, il intervient si l’atmosphère n’est plus au recueillement. Il peut alors se lever, corriger, parfois même rappeler d’une voix douce ou forte selon les circonstances que dormir n’est vraiment pas l’objet d’une méditation. Mais il ne le fait qu’avec retenue et tendresse. Car, dans cet espace où chacun se dénude intérieurement, il sait qu’il touche au plus intime des êtres.

Le jikidô n’a que des gestes de beauté. La règle zen veut qu’on s’incline en passant devant lui. Non pas devant lui, mais devant ce qu’il porte en lui.



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