Je ne sais pas
L'empereur Wu des Liang demanda au grand maître Bodhidharma : "Quel est le premier principe de la sainte vérité ?"
Bodhidharma répondit : "Dans la disponibilité, il n’existe rien de saint."
L’empereur lui demanda : "Qui ai-je en face de moi ?"
Bodhidharma répondit : "Je ne sais pas."
L’empereur ne comprit pas. Par la suite, Bodhidharma traversa le grand fleuve Yangtse jusqu’à Shaolin où il fit face au mur pendant neuf ans.
Bodhidharma répondit : "Dans la disponibilité, il n’existe rien de saint."
L’empereur lui demanda : "Qui ai-je en face de moi ?"
Bodhidharma répondit : "Je ne sais pas."
L’empereur ne comprit pas. Par la suite, Bodhidharma traversa le grand fleuve Yangtse jusqu’à Shaolin où il fit face au mur pendant neuf ans.
Congronglu, "Recueil de la Sérénité"
Imprimer | Articlé publié par Eric le 25 Nov. 06 |
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le 27/11/2006
Bodhidharma fixe pendant neuf ans un mur invisible et il le traverse ........Il ne peut pas donner une réponse satisfaisante à la question : "mais qu'elle est cette vérité sainte ?"
Il n'exprime en aucun mot ce qu'est le chemin, la voie vers cette "vérité"... il se contente de s'asseoir pendant une trés longue période face à un mur d'illusions, les siennes et puis les notres aussi..........il ne dit rien, il se contente d'un endroit où il peut poser son coussin de méditation, quelle est sa vie en dehors de ce fait nous n'en savons rien, il trace juste le premier sillon vers quelque chose qui dépasse la "raison", il insiste sur le temps qu'il nous faut "donner" au zazen, peut etre qu'il reste le Grand Maître du silence...... depuis ce temps je crois que nous adorons papoter sur ce qu'est cette "vérité sainte" et c'est peut etre aussi une manière d'exprimer le vrai silence :-)
Amitiés
Bernard
le 27/11/2006
D'accord.
Cependant, si personne ne papote ou ne transmet, comment pourrions-nous savoir où est la voie ?
Qu'était le bouddhisme avant Bouddha ?
Qu'était le zen avant Bodhidarma, Dogen, ... ?
Autre chose, qui nourrit Bodhidarma pendant qu'il fait face au mur ?
Amicalement
Jacques
le 27/11/2006
Oui, ce koan est vraiment extraordinaire, et la suite du dialogue dont il est extrait ne l'est pas moins. Si je me souviens bien (je n'ai pas le texte sous les yeux), l'empereur, voyant que Bodhidharma vient de prendre congé, demande à un moine comment faire revenir celui-ci, mais le moine - compatissant et désireux de donner un "indice" à l'empereur - lui répond : "Il n'est pas du genre à aller et venir", ou quelque chose comme ça. Voilà un bon koan, en tout cas, à "non-méditer" jour et nuit !
le 27/11/2006
Bonjour Jacques, je voudrais essayer de répondre en quelques mots à ton message. Je ne crois pas qu'il faille, dans le cas présent, considérer les choses sur un plan ordinaire, ou anecdotique. Ce plan-là est important aussi (il faut se nourrir sous peine de dépérir), mais ce n'est pas de ça dont il s'agit ici.
Si bien qu'à ta dernière question : qui nourrit Bodhidarma pendant qu'il fait face au mur ? j'ai envie de te proposer la réponse suivante : qui actionne tes phalanges tandis que tes doigts s'activent au-dessus des touches du clavier pour rédiger ton message ? Bien amicalement à toi.
le 27/11/2006
Bonjour à toi,
Je ne voulais pas être anecdotique, mais les mots ne sont que des mots, aussi soigneusement choisis soient-ils.
Ce que je souligne, c'est que si zazen est le coeur du zen, la vie 'ordinaire', cultiver pour se nourrir, ou fendre du bois pour se chauffer, c'est aussi le coeur du zen. C'est un aspect qui m'est important.
D'autre part, si le silence ou l'interrogation sont des réponses puissantes, le dialogue et la transmission le sont aussi. Sinon, pourquoi un blog (et tant de d'échanges), plutôt qu'une page vide ou un bruit blanc ?
Cordialement.
Jacques
le 28/11/2006
Pourquoi cherchons nous très souvent à intellectualiser quelque chose qui est au plus profond de nous?
le zen, pas besoin de chercher midi à quatorze heure, il est en nous ou il ne l'est pas et lorsqu'il est en nous,dans un premier temps il est à l'état "brut" un peu comme un diamant "vierge" est-ce bien nécessaire de vouloir le polir à tout prix? n'est ce pas une manière de "dénaturaliser"la vrai nature de ce diamant en voulant le rendre plus lisse et plus précieux?
Au risque de me faire "huer",ou de lire "mais tu n'as rien compris!!" je pense qu'il ne faut pas trop chercher à comprendre, sinon nous risquons de perdre l'essentiel et de dévier du chemin. Il n'y a pas de zen "absolu",de vérité toute faite,mais un potentiel qui est propre à chacun. Je pense que le plus difficile est de rester intègre par rapport à soi même,et le plus complexe est de se connaitre vraiment et d'adapter en fonction de son évolution.
Sans doute ais je tord?
Sans doute ne suis je pas très claire?
toujours est-il que la chose la plus dure est de garder un regard "vierge" au risque de se perdre dans la confusion.
Et tous ces textes précieux, nous pouvons les lire comme un complément,un indice,une aide.
C'est mon humble avis bien sur...humble
Gassho
Marianne
le 28/11/2006
Bonjour Marianne,
le 28/11/2006
je ne peux y repondre ...
que votre journée soit douce à tous et à toutes.
Marianne
le 28/11/2006
L’originalité de Dogen est, en autres, d’utiliser à la fois la pratique et l’intuition, la non-pensée et le raisonnement. Il s’agit qu’il n’y ait plus de frontière entre corps et esprit, entre intuition et pensée, entre contemplation et action ou raisonnement. Par la suite, ses successeurs vont plus ou moins essayer de faire de même ou, du moins, en parler ))
Par exemple, un petit livre vient de paraître : Kohö Chisan : « le Bouddhisme zen Soto »ed sully dans lequel cet abbé supérieur du temple Zenji avait bien expliqué que la pratique et la connaissance doivent toujours se compléter l’une l’autre. C’est un des crédo de cette école Soto depuis sa création.
Contemplation/action…Intuition/raisonnement…..pratique/vie « normale »….peut être est-ce un apport du Taoïsme (Ying/Yang..expiration/inspiration…intuition/pensée…laisser faire/agir…) mais c’est là que ce trouve l’enjeu. A mon sens, l’idéal recherché est justement cette fluidité entre les 2 aspects. Bon.. bien sûr… c’est pas gagné ))))))))))
Par contre, la pensée est primordiale pour choisir et exercer un contrôle sur la compatibilité éthique de nos choix ou tout simplement ne pas se faire berner. L’intuition, la contemplation risquerait de devenir sans elle, abandon, renoncement et autisme, ce qui est incompatible avec l’espoir du Mahayana. Il nous faut donc la pensée et l’intuition.
Dogen nous pousse à utiliser conjointement les 2 aspects (contemplation/action). On peut noter, comme l’avait admis dans nos échanges Gudo Wafu Nisjijima, que les grands artistes y arrivent, et cela, sans zazen. Pour la majorité d’entre nous qui ne sommes pas de grands artistes, il nous reste cette possibilité : zazen ))))
La respiration est peut être un Koan mais on voit bien que sa résolution est dans la respiration elle-même ))) on peut remarquer que, heureusement, quelques milliards d’individus le réalisent sans trop de problèmes ;-)*