« Fondamentalement, il n’y a rien » (本夾無一物, Huineng)

Discussion avec F. sur vipassanâ
, la pratique de la méditation de l’école bouddhiste Theravâda, et zazen, la pratique de la méditation façon Zen.

Dans la perspective du Theravâda, le vipassanâ vise ultimement à rompre le flux du samsâra, le cycle des existences. Vipassanâ, ce qui signifie « la vision répétée des choses », désigne l’observation consciente et répétée des multiples sensations et perceptions qui surgissent à chaque instant. Observés instant après instant, les divers phénomènes physiques ou mentaux ne sont plus perçus comme un flux continu mais comme une série discontinue de sensations-perceptions. L’observation consciente permet ainsi de se décoller de son objet. Par exemple dans la pratique de l’attention à l’expiration et à l’inspiration, on se contente d’être attentif à la sensation de l’expiration, puis de l’inspiration. Il n’y a plus alors qu’une simple série de phénomènes corporels discontinus. Le vipassanâ offre ainsi une stratégie de la rupture du continuum de l’être dont la finalité même est d’expérimenter, par-delà leur observation, la cessation des phénomènes physiques et mentaux puis enfin la cessation de la conscience. Cette ultime cessation a pour nom le nirvâna. On pourra se reporter au site dhammadana.org qui explique en détail le sens de vipassanâ.

Le Zen aborde la méditation d’une façon différente. Au lieu d’observer qui implique une instance observatrice et des phénomènes observés, on cherche à se placer d’emblée dans une posture non-duelle intégrative qui ne cherche ni à poursuivre le flux ni à l’arrêter. Fondamentalement, dans cette pratique il n’y a rien
à observer. Ce rien est le cœur même de la méditation. Concrètement, on s’installe dans une présence directe et immédiate sans recourir à un quelconque exercice mental d’observation ou de concentration. Selon l’expression zen classique, on réalise une totale unification (tajô ippen) qui n’est pas simplement celle du corps et de l’esprit, mais l’unification même d’une intériorité et d’une extériorité.


Dans la méditation zen, la posture physique est primordiale. Le corps et l’esprit doivent former une seule expérience intégrative, chaque muscle, chaque tendon participe de l’exercice de la présence non-duelle. La posture physique est moins importante dans la pratique du vipassanâ
, puisque l’observateur n’est pas le corps, il l’observe.


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