Les Éditions du Seuil publieront mes deux prochains livres dans les mois à venir. Après avoir déjà publié Les bouddhas naissent dans le feu, mon éditeur m’avait commandé voici deux ans un nouvel ouvrage sur le bouddhisme engagé sachant que le sujet me tenait à cœur et que, du point de vue éditorial, un tel livre faisait défaut dans le domaine francophone. Je ne sais pas exactement qu’il avait en tête, je pensais alors moi-même à un livre de réflexions sociale et politique. De septembre à juin dernier, je me suis astreint chaque jour à écrire, pour ainsi dire sept jours sur sept. L’écriture est une ascèse à la fois physique, psychologique et intellectuelle. On n’écrit pas, le livre s’écrit. On ne sait jamais ce qu’il sera malgré les vagues idées de sommaire préalable. Il part, déborde, repart, revient et enfle. Après quelques mois, les deux premiers chapitres du livre ont pris une ampleur et une autonomie particulières. Ces chapitres étaient consacrés pour l’essentiel à une réflexion sur l’interprétation. La situation actuelle est en effet bien loin de celle du Ve siècle avant Jésus-Christ. Penser un bouddhisme engagé requiert préalablement et nécessairement une méthode interprétative. En juin, j’ai montré le manuscrit en l’état à mon éditeur. Sa lecture a mis en évidence que ces deux chapitres déjà très longs devaient faire l’objet d’un livre à part, ce que je n’avais pas alors pleinement perçu. Mais il m’avait passé commande d’un livre sur le bouddhisme engagé. Il me disait donc, d’abord le bouddhisme engagé et puis plus tard on publiera un livre sur l’interprétation. Normal. D’autant qu’un livre sur le bouddhisme engagé paraît plus porteur qu’une réflexion sur l’interprétation a priori plus philosophique. Pourtant, dans mon cheminement de pensée, ces livres devaient être publiés dans un certain ordre car l’un bâtit sur l’autre. Un livre sur le bouddhisme engagé présuppose un livre sur comment penser le bouddhisme. Alors, cet été, j’ai repris l’écriture des deux chapitres, je les ai encore remaniés pour arriver à un ouvrage séparé de cent quatre-vingt pages. En octobre, j’ai redonné le manuscrit à mon éditeur. Finalement, cette dernière version a remporté son adhésion et celles des autres éditeurs du Seuil (les décisions sont collégiales). Maintenant, le livre ne se limite plus à la seule réflexion sur l’interprétation. Il est protéiforme et je ne sais trop comment le résumer. J’y présente notamment le dharma comme une mystique, une anti-métaphysique et une métaphore. Ce triple éclairage m’apparaissait nécessaire pour en révéler la signification la plus profonde. Je fais largement écho à toutes les réflexions actuelles de la mouvance dite de la théologie bouddhiste, ce courant novateur essentiellement présent aux Etats-Unis et au Japon, qui entend repenser en profondeur le bouddhisme dans le contexte contemporain. Mais, pour le fond comme pour la forme, Dôgen reste ma référence principale. Il y aura donc deux livres et dans l’ordre souhaité.




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