de la puissance
Pour Jonathan.
Les Temps actuels exacerbent deux sentiments apparemment opposés, la toute-puissance et l’impuissance. La toute-puissance veut l’abolition immédiate des limites ou tout au moins sans cesse les repousser. L’impuissance, elle, renonce à tout. Lorsque de tels sentiments l’emportent, l’humanité est défaite.
Dans les enseignements du Bouddha, la toute-puissance est incarnée par le dieu Mâra (la Mort), le tentateur. Le Bouddha Shâkyamuni lui apparaît comme l’impossible obstacle qui l’empêche d’assouvir son délire de toute-puissance. Son ingéniosité à séduire ou à manipuler n’y peuvent rien, le Bouddha le défait sans cesse. L’impuissance, elle, est représentée par les multiples conditions des plans d’existences, des enfers aux paradis. Tous les êtres qui y sont ne peuvent jamais se libérer du devenir (le samsâra). La condition humaine occupe une place médiane, car l’homme est le seul à avoir la capacité de produire une décision qui crée à elle seule le devenir et le rend capable de se libérer. Le dharma s’adresse à l’homme comme un dispositif pour travailler avec et grâce à ses limitations : car oui, il peut dénouer ses névroses ; car oui, il peut accepter d’aimer sans crainte. Dit autrement, le Bouddha est l’homme qui a réalisé sa puissance d’être humain tout en intégrant les limites de sa condition.
Dans ce cheminement vers la libération, les disciples du Bouddha s’exercent aux six excellences (pâramitâ) que sont la générosité, la discipline, la tolérance, la vigueur, la méditation et l’intelligence. Le sanskrit shîla qui désigne la seconde de ces excellences est parfois traduit par éthique ou moralité, mais c’est mal comprendre le sens de cet exercice. Dans les enseignements du Bouddha, il n’y a pas un exercice moral et d’autres qui ne le seraient pas. Toute pratique est nécessairement une pratique du bien, qu’il s’agisse de la générosité (la première excellence) ou de l’intelligence (la dernière). Shîla est une discipline. En l’occurrence, le pratiquant s’engage à s’abstenir de certains actes, comme ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, etc. Tous les auteurs bouddhistes soulignent la nécessaire dimension négative de tels engagements, que tout travail commence en se donnant à soi-même des limites. L’exercice de shîla se veut une une méditation constante sur ses capacités, ses choix et ses décisions. En suivant un précepte comme ne pas tuer, le pratiquant reconnaît et accepte qu’il a toujours la possibilité, en tant qu’être humain, de tuer comme de s’en abstenir. Il prend donc la décision de ne pas tuer.
Les Temps actuels exacerbent deux sentiments apparemment opposés, la toute-puissance et l’impuissance. La toute-puissance veut l’abolition immédiate des limites ou tout au moins sans cesse les repousser. L’impuissance, elle, renonce à tout. Lorsque de tels sentiments l’emportent, l’humanité est défaite.
Dans les enseignements du Bouddha, la toute-puissance est incarnée par le dieu Mâra (la Mort), le tentateur. Le Bouddha Shâkyamuni lui apparaît comme l’impossible obstacle qui l’empêche d’assouvir son délire de toute-puissance. Son ingéniosité à séduire ou à manipuler n’y peuvent rien, le Bouddha le défait sans cesse. L’impuissance, elle, est représentée par les multiples conditions des plans d’existences, des enfers aux paradis. Tous les êtres qui y sont ne peuvent jamais se libérer du devenir (le samsâra). La condition humaine occupe une place médiane, car l’homme est le seul à avoir la capacité de produire une décision qui crée à elle seule le devenir et le rend capable de se libérer. Le dharma s’adresse à l’homme comme un dispositif pour travailler avec et grâce à ses limitations : car oui, il peut dénouer ses névroses ; car oui, il peut accepter d’aimer sans crainte. Dit autrement, le Bouddha est l’homme qui a réalisé sa puissance d’être humain tout en intégrant les limites de sa condition.
Dans ce cheminement vers la libération, les disciples du Bouddha s’exercent aux six excellences (pâramitâ) que sont la générosité, la discipline, la tolérance, la vigueur, la méditation et l’intelligence. Le sanskrit shîla qui désigne la seconde de ces excellences est parfois traduit par éthique ou moralité, mais c’est mal comprendre le sens de cet exercice. Dans les enseignements du Bouddha, il n’y a pas un exercice moral et d’autres qui ne le seraient pas. Toute pratique est nécessairement une pratique du bien, qu’il s’agisse de la générosité (la première excellence) ou de l’intelligence (la dernière). Shîla est une discipline. En l’occurrence, le pratiquant s’engage à s’abstenir de certains actes, comme ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, etc. Tous les auteurs bouddhistes soulignent la nécessaire dimension négative de tels engagements, que tout travail commence en se donnant à soi-même des limites. L’exercice de shîla se veut une une méditation constante sur ses capacités, ses choix et ses décisions. En suivant un précepte comme ne pas tuer, le pratiquant reconnaît et accepte qu’il a toujours la possibilité, en tant qu’être humain, de tuer comme de s’en abstenir. Il prend donc la décision de ne pas tuer.
Mots-clés : discipline, mâra, shîla, pâramitâ
Imprimer | Articlé publié par Jiun le 09 Oct. 12 |