Pour J. qui m’a envoyé sa transcription du texte de Dôgen.

Dans l’apprentissage du japonais classique, il faut tout d’abord prendre en compte l’écriture en japonais et la transcription en alphabet latin qui ne font pas l’objet de pratiques unifiées.

Tout d’abord, l’écriture : Une important réforme orthographique est intervenue au Japon peu après la fin de la seconde Guerre Mondiale. Elle se caractérise par une simplification d’un certain nombre de caractères chinois et par une transcription différente des prononciations dans le syllabaire (kana).

Par exemple, «bouddha» s’écrivait 佛 et s’écrit désormais 仏. Il est d’usage dans les ouvrages et les textes académiques d’utiliser l’ancienne graphie lorsqu’on retranscrit le texte original et d’utiliser la nouvelle graphie lorsqu’on le traduit en japonais moderne. Mais ce n’est pas toujours le cas, dans l’édition de poche du Shôbôgenzô en quatre volumes publiée chez Iwanami Bunko, le texte original est publié avec les nouveaux caractères. Il faut donc apprendre l’ancienne et la nouvelle graphie. Les entrées des dictionnaires de japonais sont le plus souvent écrites dans la nouvelle graphie.

La prononciation a longuement évolué. Avant la réforme, il était d’usage d’écrire en syllabaire selon la prononciation ancienne mais de prononcer à la moderne. Un peu comme si l'on écrivait en français «pensoit» (comme le faisait Montaigne) mais que l’on prononçait «pensait». La réforme d’après guerre a unifié l’écriture et la prononciation. Là encore, il faut apprendre les deux systèmes. De plus, après la réforme deux kana ont disparu.
Par exemple しやう est devenu しょう (shô), ゐる est devenu いる (iru), てう est devenu ちょう (chô).

Il existe plusieurs systèmes de transcription en caractères latins. Leurs différences reflètent les discordances entre l’écriture ancienne et la prononciation moderne. Le système dit Hepburn s’est plus ou moins imposé dans le monde occidental avec quelques aménagements, mais les Japonais eux-mêmes ont développé leur propre système de transcription, le nihon shiki, assez différent. La célèbre grammaire de Samuel Martin, A Reference Grammar of Japanese, utilise une transcription proche du nihon shiki. Il écrit par exemple tukaihurusi alors qu’on transcrira tsukaifurushi dans le système Hepburn. Là aussi, il faut connaître les différents systèmes de transcription.

Pour ma part, j’utilise les règles habituelles suivies par la plupart des auteurs américains (plutôt que français) :
- Écrire les caractères chinois dans leur ancienne graphie ;
- Écrire en kana selon l'ancienne prononciation ;
- Utiliser pour la transcription un système Hepburn aménagé comme le propose Haruo Shirane dans Classical Japanese. A Grammar, mais qui reflète la prononciation moderne.

J’écris donc en japonais いふ [kana = i-fu, moderne いう] et je transcris iu. いふ, iu, est le verbe «dire».

C’est une gymnastique mentale, mais on s’y habitue vite. Des questions ?

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