Oser
Chantal s’interroge sur le billet J’ai deux kôans à vous dire : "J’ose et je me retrouve dans une situation que je croyais à tort pouvoir maîtriser, je scie les pieds de la chaise et je m'aperçois que je n’étais pas prête à m'en passer, doit-on être plus ou moins bien installé ou se fracasser par terre ?"
En fait, l’audace que j’ai en tête n’est pas tant celle d’oser entreprendre quelque chose, qu’une entreprise plus fondamentale encore, je dirais oser la vie. Nous sommes toujours vivants, mais le sommes nous, réellement, sans être entravés par des obstacles intérieurs qui nous empêchent de nous tenir droit dans cette vie ?
Le zen possède un exercice singulier pour travailler à même la matière de nos vies : la méditation. La méditation est un processus de désencombrement intérieur, on enlève une à une toutes les idées, toutes les représentations que l’on a sur soi-même et qui le voilent. L’exercice ne pas si aisé qu’il y paraît, on croit qu’en pensant à rien, on y est. Mais non, demeurer assis tranquillement nous emmène le plus souvent qu’au seul seuil de la méditation. Il faut encore faire un pas supplémentaire, se permettre de se délester vraiment de tout ce qui nous encombre. L’exercice est délicat car tant de choses nous retiennent encore. A force d’enlever, des peurs souvent surgissent, c’est comme si soudain un grand vide ou un abîme apparaissaient. Et pourtant en faisant ce saut intérieur, on ne sombre pas dans un puits sans fond, on se retrouve plutôt enfin. Finalement, la méditation nous conduit à saper les faux-semblants, les multiples compromis que l’on fait chaque jour avec soi-même. Un jour, ils doivent bien rompre. C’est cette audace de la rupture que l’on doit provoquer.
Il ne s’agit donc pas d’oser n’importe quoi, à tort et à travers. Tout véritable engagement suppose que l’on assume son engagement. Et plus on est affermi, plus on peut prendre de risques assumés.
Oser, s’engager, ne sont-ils pas les plus cadeaux que l’on puisse faire à la vie, quitte parfois à se tromper et même à tomber ?
Imprimer | Articlé publié par Eric le 06 Oct. 06 |
le 06/10/2006
Le thème de ce nouvel article (la méditation, comme l’art d’oser se défaire de toutes nos fausses représentations, de nos fausses identités) me donne à point nommé l’occasion de faire la promotion d’un merveilleux livre de Claude Arnaud, intitulé « Qui dit Je en nous ? », paru tout récemment chez Grasset. Cet ouvrage, dont le titre sonne très « bouddhiste », est une fascinante étude sur l’identité, vue à travers l’histoire, la philosophie, la sociologie et la psychanalyse. L’auteur, romancier et essayiste, était bien placé pour développer une sensibilité sur ce sujet puisqu’il a à son actif, deux biographies, l’une de Chamfort, l’autre de Cocteau.
Foisonnant d’érudition, tout en restant parfaitement facile et agréable à lire, cet essai ne se veut cependant pas un ouvrage « savant » au sens restreint et académique du terme, ne serait-ce que par son ton très personnel et très direct, c’est aussi une réflexion dans laquelle l’auteur, contrairement à beaucoup de chercheurs qui se cachent derrière leur sujet, ose se décrire, et se dévoiler au premier chef dans le sujet traité. L’une des thèses du livre ? Le caractère emprunté, fabriqué, volatile et versatile de notre identité, de toutes nos identités. Avec, à titre d’illustration, la description de quelques cas saisissants d’imposture, à travers l’histoire.
Je vous invite très chaudement à aller visiter la page de l’auteur : http://www.edition-grasset.fr/automne_romanesque_2006/Arnaud.htm où l’on peut avoir un premier aperçu du livre.
le 11/10/2006
Hold on Chantal.... on en est tous là...sur notre chaise bancale...
bah... tant qu'elle tient et qu'on arrive à se lever... c'est déjà pas si mal ;-)
si elle est vraiment faiblarde ou cassée, les amis sont là pour mettre un peu de colle...